La douleur du sujet âgé
Une idée préconçue voudrait que les personnes âgées soient plus résistantes à la douleur, comme si la sensibilité douloureuse s’érodait à l’image des autres sens comme la vue ou l’audition. D’où provient cette notion erronée qu’aucune étude n’a jamais démontrée ? Cela tient-il au fait que le soulagement est, parfois, obtenu avec des doses d’antalgiques moindres qu’à d’autres âges de la vie ? Ou bien que les personnes âgées, par leurs éducations, se plaindraient moins ? Difficile de se prononcer d’autant que les douleurs peuvent également être une manière de rompre la solitude inhérente au grand âge.
Une certitude : les douleurs augmentent considérablement avec l’âge au point d’être présentes chez 40 à 75% des sujets âgés vivant à domicile et près de 90% des personnes institutionnalisés. Le philosophe A. Comte-Sponville rapporte cette phrase : « Après soixante ans si tu te réveilles un matin et que tu n’as mal nulle part.… c’est que tu es mort ! ». Néanmoins, gardons toujours à l’esprit que ce n’est pas la vieillesse qui est douloureuse en soi, mais les maladies qu’elles favorisent. Outre l’inconfort, la douleur a des conséquences sanitaires importantes. Afin d’éviter de la déclencher ou de l’exacerber, le sujet âgé va limiter ses déplacements conduisant à une perte de la force musculaire qui à son tour va limiter sa capacité physique à se mobiliser. Cela favorisera l’appréhension de chuter puis une dépendance dans les activités de la vie quotidienne. Ces limitations favoriseront l’apparition d’un état dépressif qui, à son tour, retentira sur l’appétit et favorisera les douleurs. La dénutrition fera le lit des plaies de pression qui, elles aussi, seront source de douleurs…
Lors d’une maladie qui entrave la communication, comme dans la maladie d’Alzheimer ou dans les suites d’un AVC, les soignants chercheront des modifications du comportement qui témoigne d’une souffrance : des gémissements, un visage crispé, une immobilisation prolongée, des réactions agressives ou bien des réactions de rejets lors des soins. Des échelles d’évaluations de la douleur, là encore comme chez le nourrisson, qui reposent sur ces différents indices pour donner un score à l’état douloureux L’âge avançant on souffre davantage et une douleur chronique peut faire progressivement glisser vers d’autres complications. Elle doit être combattue avec la même vigueur qu’aux autres âges de la vie. Tous les médicaments antalgiques sont utilisés, mais en étant attentif sur la façon dont l’organisme va les métaboliser. Les reins ou le foie qui sont des épurateurs doivent être en bon état de marche afin d’éliminer les drogues pour ne pas qu’elles s’accumulent et entraîner des surdosages.
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