1,5° AU-DESSUS DES NORMALES DE SAISON
par Clément Vuillier
À l’heure où le réchauffement climatique s’accélère, les feux de forêt se multiplient, deviennent parfois incontrôlables, impossibles à éteindre. Ils sont qualifiés de feux extrêmes, de feux hors normes ou de mégafeux. Ce phénomène touche tous les continents et de nombreuses forêts. À travers une série de dix visuels à l’univers graphique fouillé, précis et coloré, Clément Vuillier combine feu et paysages et illustre l’incendie qui envahit l'environnement pour le modifier et l’altérer. Il joue ici avec les échelles : à quoi ressemble ce mégafeu à hauteur d’une pomme de pin, d’un mégot, d’un pompier ou de la fenêtre d’un Canadair ?
Diplômé en illustration, Clément Vuillier poursuit ses recherches graphiques et éditoriales autour du paysage. Avec son dessin immersif et ses récits muets, il aborde des thématiques environnementales liées à la géologie, à l’épuisement des ressources, au Vivant, à l’habitabilité du monde, passant de la contemplation de la Nature à sa destruction, de sa vulnérabilité à sa violence.
Les mégafeux sont une des conséquences du réchauffement climatique lié aux activités humaines. Ils en sont aussi l’une des causes, par la quantité de gaz à effet de serre qu’ils dégagent. Pour illustrer ces phénomènes extrêmes, l’artiste s’est inspiré du livre de Joëlle Zask Quand la forêt brûle (Éd. Premier Parallèle) dont quelques extraits sont présentés, ainsi que de visuels fournis par le SDIS 31.
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Transcription de la pastille sonore :
Ces visuels enflammés exposés tout le long de l’allée Matilda sont une création de l’illustrateur Clément Vuillier, proposant un autre regard sur le sujet des mégafeux.
En dix images, l’artiste décline ici les étapes de développement d’un mégafeu : l’unique évocation de l’origine souvent humaine de ces catastrophes est cet énorme mégot mal éteint, provoquant l’incendie et la propagation du feu. On assiste à sa montée en puissance et en intensité au fur et à mesure que le point de vue change, passant de celui d’un rongeur, avec l’image où les pommes de pin brûlent, à celui d’un pompier en prise avec le feu, jusqu’à la vision finale d’un Canadair ou d’un hélicoptère de télévision captant les images apocalyptiques que nous avons tous vues ces derniers temps.
Dessinant habituellement à l’encre de chine sur papier qu’il colorise numériquement, son univers au trait graphique japonisant est esthétique, minutieux, réaliste et foisonnant. Son style et son inspiration puisée dans la nature ont fait de lui l’interprète idéal pour mettre en images la violence d’un incendie, son intensité, ses mouvements, ses myriades de couleurs.
Mais comment représenter la lumière, la chaleur et les mouvements d’un mégafeu ? Clément Vuillier a composé avec cette difficulté en travaillant ici l’image plan par plan et en complexifiant au fur et à mesure, pour se rapprocher des mouvements et des sensations de chaleur et d’oppression que provoque le feu.
Faire exister le paysage sans le feu dans un premier temps puis le faire brûler lui a semblé être un protocole de travail intéressant, complètement en lien avec la thématique traitée. Il crée son image principale puis la décline en rajoutant les flammes devant, puis derrière, sur les troncs, sur le sol… . Via un système de calques et de transparence, il superpose ces déclinaisons pour donner l’illusion du mouvement et rendre les images plus percutantes.
Associées aux illustrations, des citations extraites du livre “Quand la forêt brûle” de la philosophe Joëlle Zask, ont servi d’inspiration à l’artiste et nous permettent de remettre en considération le rapport que nous entretenons avec la Nature.
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