"Il donne Sa grâce aux humbles"

Quelle est l’importance de l’humilité dans la vie du chrétien ? Comment peut-on définir cette humilité ?

            Mère Aimiliani, higoumène du monastère orthodoxe Notre-Dame-de-Toute-Protection à Bussy-en-Othe (89), dans cet entretien du 12 février 2022, veille du dimanche du Publicain et du Pharisien, nous rappelle ce verset issu du livre des Proverbes et repris par st Pierre et st Jacques dans le Nouveau Testament (1 Pi 5,5 ; Jc 4,6)  : «Dieu donne sa grâce aux humbles.» (Pr, 3 , 34)

  Elle part du constat qu’«heureusement Dieu donne sa grâce aussi à ceux qui s’efforcent de devenir humbles» et reprend dans l’Évangile la parabole du publicain et du pharisien, particulièrement le dernier verset : «Tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé.» (Lc 18, 9-14) pour expliquer que l’humilité est la seule disposition pour pouvoir entrer dans un vrai contact avec le Seigneur ; elle s’appuie aussi sur ce passage du livre de st Sophrony Voir Dieu tel qu’il est : «Dieu est Lumière, Vérité, Amour, Miséricorde ; on pourrait ajouter de nombreuses autres dénominations. Je me risque à une : Dieu est Humilité. Rien d’impur, c'est-à-dire d'orgueilleux, ne s'approche de Lui. L'orgueil est l'opposé du Bien, les ténèbres dans toute leur horreur[1] ».

   Puis elle compare l’éloge de lui-même que fait le pharisien à la prière du publicain, centré sur Dieu, conscient de la vérité des mauvaises paroles du pharisien à son égard et tout entier dans le repentir. Elle évoque également st Grégoire Palamas ou st Paul pour nous rappeler à la nécessité de cette humilité et s’attarde sur les quatre vertus fondamentales pour la vie chrétienne que st Paul nomme dans l'Épître aux Ephésiens, qui sont à la fois le point de départ, le cheminement et le but de notre vie en Christ, en citant ce verset : «C'est pourquoi, moi, le prisonnier du Seigneur, je vous supplie de marcher d'une manière digne de la vocation par laquelle vous êtes appelés, en toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant les uns les autres dans la charité, et vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix.» (Ep, 4, 1-3). Développant sa réflexion sur chacune de ces quatre vertus : l’humilité, la douceur, la patience et la charité, elle définit l’humilité chrétienne comme une vertu , contrairement à ce qu’en dit le monde dans lequel nous vivons,  et la définit en regard de la vie du Christ ; la douceur comme la véritable force de Dieu en l’homme ;  la patience comme une vertu envers soi et envers les autres  ; la charité (ou amour) comme une capacité à faire preuve de bienveillance sans faille envers ceux que nous trouvons désagréables ou difficiles à aimer, et ajoute à ces  quatre vertus une cinquième qualité : la paix, qui est un don de Dieu et qui dépend de l’effacement de soi.

[1] Arch. Sophrony, Voir Dieu tel qu'Il est, p. 35, Cerf, 2004.

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