HYPERPHANTASIA
Au paléolithique, l’humain plongeait dans les profondeurs de la caverne pour inscrire une œuvre de l’esprit sur les parois des grottes. À partir d’une base de données de la grotte Chauvet Pont-d’Arc, l’artiste a entraîné des réseaux de neurones pour créer de nouvelles images de la préhistoire. La paroi vidéographique s’anime et donne naissance à une “nouvelle” préhistoire, un imaginaire parallèle à celui de nos ancêtres.
Justine Emard explore les relations entre nos existences et la technologie, mêlant robotique, neurosciences, vie organique et IA. Exposée en France et à l’étranger, elle est directrice artistique de l’exposition permanente du Pavillon de la France pour l’Exposition Universelle à Osaka, et sera en résidence en 2025 à la Villa Albertine à Boston pour poursuivre son travail sur les signaux cérébraux.
- - -Â
Transcription de la pastille sonore :Â Â
En grec, “phantasia” évoque l’imagination. L’"hyperphantasia", c’est une imagination tellement vive qu’elle prend une dimension supérieure à la réalité. Avec cette installation, l’artiste française Justine Emard a voulu mettre en scène cette notion en s'intéressant à l’origine des images. Parcourez avec elle 38 000 ans d’histoire, du charbon des dessins pariétaux jusqu’aux pixels des images générées avec des IA.
Observez plutôt : aux murs, des silhouettes d’animaux du paléolithique se succèdent. Justine Emard a travaillé avec la conservation de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, où sont figurées près d’un millier de peintures et gravures pariétales, les plus anciennes au monde. Elle a eu accès à leur base de données scientifiques, dont elle a classé les images et métadonnées en plusieurs corpus, sur lesquels elle a entraîné ses propres modèles de réseaux de neurones artificiels. Elle a collaboré avec l’archéologue Jean-Michel Geneste, ancien conservateur de la grotte, afin de restituer fidèlement son atmosphère pour se rapprocher le plus possible des origines de l’image.
Écoutez : c’est sans doute la première fois que vous entendez ce bruit ! Il s'agit des sons émis par des neurones, que l’artiste a enregistrés elle-même lors d’une opération d’un cerveau humain ! En captant leurs signaux électriques, elle dote son installation d'une création sonore qui lui fait changer d’échelle, et lui insuffle une dimension supplémentaire, celle du subsconcient. Organique et virtuel se rejoignent alors pour créer ce paysage mental mis en scène dans "Hyperphantasia".
Dans son Ĺ“uvre sensible et poĂ©tique oĂą elle explore les nouvelles relations entre les ĂŞtres et la technologie, l’artiste n’oublie pas la dimension Ă©thique. Consciente des responsabilitĂ©s incombant aux artistes utilisant l’IA, notamment sur le volet Ă©cologique, elle a cherchĂ© Ă rĂ©duire l’impact Ă©nergĂ©tique des serveurs utilisĂ©s pour entraĂ®ner ses rĂ©seaux de neurones. Pour cela, elle s’est associĂ©e Ă une entreprise qui redistribue la chaleur produite par les serveurs pour chauffer des bâtiments.Â
À l’heure des transitions écologique et numérique, ces questions ne peuvent plus être ignorées ; grâce à leurs œuvres, les artistes les rendent tangibles et visibles.
Crédit visuel : Quentin Chevrier
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Powered by Ausha 🚀