L’Union européenne, voisin et problème - Par Aziz BOUCETTA
L’année 2023 qui commence devra être l’année de la clarification des relations, ou plutôt du type de relations que l’Union européenne et le Maroc devront avoir à l’avenir. Le Maroc devrait être de plus en plus ferme dans ses positions si Bruxelles persiste dans sa politique inégale, faisant intervenir tour à tour ses instances en apparence divergentes sur la question du Sahara. La récente visite de Josep Borrell contribue à entretenir cette opacité et les événements à venir la confortent.
Le vice-président de la Commission européenne, chargé de sa diplomatie et de sa politique de sécurité Josep Borrell était dans nos murs en début de mois et d’année, sa première visite dans un pays voisin depuis trois ans qu’il est en poste... Il a bruyamment rappelé que les deux tiers du commerce du Maroc passent par l’UE et que la moitié des investissements directs étrangers en proviennent, soulignant en creux cette dépendance, dont nous devrions nous défaire ; « ce sont des palmarès difficiles à surmonter », a-t-il précisé avec le sourire.
Mais redonnons leur mesure aux choses et aux chiffres. Josep Borrell annonce avec emphase les chiffres de la coopération de l’UE/Maroc, avec 1,4 milliard d’euros pour la période 2014-2020, et 1,6 milliard pour 2021-2027. Soit, mais pour l’Ukraine, c’est 1,5 milliard d’euros… par mois !
Avec le même montant en un mois pour un pays et en 6 ans (72 mois) pour l’autre, les amitiés/intérêts sont clairs, et les priorités aussi. Il y a certes la guerre en Ukraine, mais si avec le Maroc, les enjeux ne sont pas aussi immédiats, et surtout pas aussi spectaculaires qu’un conflit de haute intensité, ils n’en sont pas moins considérables : la migration, la sécurité et les immenses opportunités d’investissements en Afrique, dont le royaume constitue un hub incontournable, géographiquement, diplomatiquement, économiquement et même humainement.
L’UE ne considère donc pas le Maroc comme une priorité, en dépit du galimatias diplomatique de convenance. En revanche, l’Union persiste dans sa volonté de domination, encore bien présente dans les esprits des dirigeants à Bruxelles. Il ne faut pas oublier que le même Josep Borrell avait indiqué cet été que « la solution au conflit du Sahara Occidental passe par l'organisation d'une consultation du peuple sahraoui » ; insouciance/indifférence en apparence, provocation certainement, politique du rapport de force et du passage en force à n’en pas douter.
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