Ilyas el Omari, le bruyant retour qui se veut discret - Par Aziz BOUCETTA
Dans une sphère politique marocaine atone, aphone et admirablement monotone, il peut par moments se produire quelque chose d’inhabituel. Et ce qui se passe aujourd’hui est le retour d’un personnage qui avait défrayé la chronique, qui avait voulu tout avoir et tout prendre – de ce qui est bien évidemment prenable – et qui, au final, a perdu… un personnage qui a, depuis, disparu, laissant derrière lui une traînée de mystères. Et le voilà qui revient sur le devant de la scène, Ilyas el Omari…
Ce retour ne peut être anodin, au vu du passé du personnage, essentiellement sur les vingt dernières années. Il était omniprésent, d’abord en coulisses puis au grand jour, pour faire de la grande politique, en attendre de grands résultats avant de connaître de grandes déceptions et de non moins grandes défaites.
Ilyas el Omari fut membre d’une pile d’organismes à l’importance variable puis il s’est placé comme cheville ouvrière et fondateur du PAM, avec l’actuel conseiller du roi Fouad Ali el Himma.
De ces activités, de cette proximité, de ces affinités, Ilyas el Omari tire sa puissance, qui fait de lui l’élément incontournable de la politique nationale durant la « décade PJD » ; il fut même l’ennemi intime et préféré de l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane.
C’était l’époque où la politique marocaine était un film parlant, avant qu’elle ne régresse et retrouve le muet. Ceci expliquant cela…
Ilyas el Omari vient d’accorder un long entretien à nos confrères d’Hespress, un entretien visionné par près d’un demi-million de personnes en deux jours ! C’est dire l’importance du personnage et surtout de l’attrait qui est le sien, avec ses mystères et ses zones d’ombre, son magistère et ses postures souvent sombres.
Pourquoi ce retour, car c’est bel et bien un retour, tel qu’il l’a expressément reconnu lors de cet entretien ?
Une réponse pourrait être que l’homme apparaît quand la politique nationale patauge. Elle pataugeait à la fin de la décennie 2000, quand les partis traditionnels et administratifs cherchaient une introuvable place au sein d’un échiquier politique improbable ; et elle patauge aujourd’hui encore avec cette incertitude qui flotte, ces non-dits qui planent, et cette majorité écrasante qui écrase par son silence et son opacité.
Alors, Ilyas el Omari reparaît.
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