Diplomatie, des questions sans réponse et des questionnements sans répondant - Par Aziz BOUCETTA
Le monde bouge et évolue, et le Maroc aussi ; le monde change et surprend, le Maroc aussi. Dans ses relations avec les autres pays, Rabat a fait bouger les lignes en affichant des ambitions jusque-là masquées et faisant montre d’une attitude étonnamment décomplexée. Cela lui a valu de nouvelles amitiés mais aussi de solides inimitiés et hostilité. On ne le dit pas assez, mais la chance de cette diplomatie est l’adhésion de la population. Or, cette adhésion doit être nourrie par l’information, renforcée par l’explication et rythmée par une communication régulière. Tout cela manque singulièrement aujourd’hui.
Par Aziz Boucetta
Diplomatie, des questions sans réponse et des questionnements sans répondant
Les Marocains, accoutumés depuis quelques années à des annonces phare et des avancées majeures, connaissent depuis quelques temps une sorte de sevrage. Ils n’entendent plus rien, ne voient plus rien, ne sentent plus rien et le risque est qu’ils ne ressentent plus rien, et que leur adhésion voire leur intérêt en viennent à reculer.
Et pourtant, il existe tellement de chantiers diplomatiques ouverts dont nous nous étions habitués à apprendre les évolutions.
1/ Que se passe-t-il avec les Etats-Unis ? De nombreuses visites croisées de responsables sécuritaires, des sénateurs ou représentants, démocrates et républicains, d’influents à très influents, étaient à Rabat et Casablanca ces derniers mois, des échanges téléphoniques de Nasser Bourita et d’autres contacts, plus discrets… On parle d’armements, on parle d’Africom, on parle économie, on parle de tant de choses mais personne n’en parle à l’opinion publique marocaine.
2/ Où en sont les relations avec l’Espagne ? Tout se passait bien, ou presque, jusqu’à cette funeste sortie du mélancolique Naâm Miyara sur Sebta et Melilla. Lui a-t-elle été soufflée, cette malheureuse saillie ? Nul ne le saura jamais, mais elle a soufflé du froid avec Madrid. Cela a été « équilibré » par la très mal inspirée « petite phrase » de la vice-présidente du conseil espagnol, assénant que « le Maroc est une dictature ». Un partout, balle au centre… et à propos de balle, où en est la candidature commune au Mondial 2030 ? Où en est le projet de liaison fixe entre les deux pays, les deux continents ? Rien, motus et bouche cousue.
3/ Et la France ? En dehors d’une déclaration faite, dans un très courageux anonymat, à Jeune Afrique, bien évidemment, rien ne filtre sur les relations avec la France. La diplomatie muette, l’ambassadeur français un peu ostracisé sur nos terres pourtant accueillantes, pas d’ambassadeur marocain à Paris, après que la fin de la mission du précédent avait été annoncée par un communiqué tonitruant, une visite officielle ou de travail ou d’Etat ou de n’importe quoi et sans cesse repoussée du très demandeur Macron. La diplomatie discrète cède le pas au silence excédé.
4/ Avec l’Algérie, rien de nouveau, pas de déclarations et c’est tant mieux car, avec les énervés d’à côté, cela vaut mieux.
5/ On a oublié la Cédéao… Annonce de demande d’adhésion et depuis, des études, des évaluations, des analyses, mais des réticences non expliquées, des résistances non officielles, mystérieuses, des discussions/négociations non avouées, officieuses. Mais toujours rien, pas même des visites de notre ministre de la diplomatie, pas plus que d’autres ministres. Rien. Une demande et puis c’est tout.
6/ Le nucléaire russe. En octobre, on apprend au détour d’une dépêche que « la Russie assistera le Maroc dans la conception et la construction de réacteurs... nucléaires ». Rien que ça ! Et puis, rien, encore rien, toujours rien.
7/ Avec la Chine, on a beaucoup parlé de choses dont… on a juste parlé. Entre l’Empire du Milieu et le Royaume du Couchant, le soleil tarde à se lever. Entre deux systèmes politiques avares de parole, on ne pouvait attendre plus. Passez votre chemin, vous n’en saurez pas plus.
Lire la suite
Powered by Ausha 🚀