Face à la crise, la politique devient épistolaire - Par Aziz BOUCETTA
L’histoire naît de la situation économique et sociale du pays, avec une inflation record, dépassant la barre des 10%, un taux de chômage élevé, dépassant aussi le seuil des 10% et, plus grave, plus préoccupant, le silence d’abord gêné, ensuite coupable du gouvernement. Et l’histoire se complique avec cette lettre virile adressée par le PPS au chef du gouvernement, qui n’apprécie pas… et fait répondre par son parti, par une autre lettre, tout aussi vigoureuse. On dégaine les pistolets par échange épistolaire.
Dans sa lettre à Aziz Akhannouch, le Politburo du PPS fustige « la légèreté, l’indifférence et l’irresponsabilité » du gouvernement face à l’inflation. Les mots exprimés sont aussi rudes que les maux dénoncés. Le PPS poursuit en reprochant au gouvernement d’avoir « complètement renié le nouveau modèle de développement », et prend comme témoins Bank al-Maghrib, le CESE et le HCP qui disent, globalement, la même chose.
Puis, dans sa longue lettre, le parti de Nabil Benabdallah propose des pistes de solutions, comme l’activation de la loi relative à la liberté des prix et la concurrence, la réévaluation des subventions accordées aux transporteurs, l’activation des mécanismes fiscaux, la maîtrise du marché des carburants…
Le RNI n’apprécie pas la démarche ciblant son chef, et répond, indigné, au nom du gouvernement. Pour faire court, le gouvernement reste sur son programme initial, campe sur ses positions, impute l’origine de tous nos maux à la guerre en Ukraine, aux retombées de la crise sanitaire et au changement climatique.
Le RNI se félicite de l’institutionnalisation du dialogue social (alors que ledit dialogue est à l’arrêt pour cause de syndicats en colère et de patronat dans le doute). Le reste, c’est du blabla comme seul le RNI peut en faire, fait de déni, de condescendance et d’un extraordinaire manque de sens politique.
Mais pourquoi est-ce le RNI qui répond au nom du gouvernement ? Entre les ministres de souveraineté, régaliens, qui ne dépendent pas de M. Akhannouch et les ministres des autres partis, agissant au figuré ou comme figurants, le RNI ne dispose même pas du quart de l’effectif et même ce quart est étroitement « marqué au corps » par d’autres ministres ou de (très) hauts fonctionnaires, très judicieusement placés là.
Alors pourquoi est-ce le RNI qui répond ? Pourquoi les autres partis n’ont-ils pas été associés à cette réaction, comme le suppose le pacte de la majorité ? Et, avant tout, la lettre du PPS ayant été... adressée à M. Akhannouch, pourquoi n’est-ce pas lui qui répond, directement, courageusement, intelligemment ?
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