Après avoir détourné le regard, la justice deviendra-t-elle, enfin, aveugle ? - Par Aziz BOUCETTA
Depuis l’arrestation de l’ancien ministre et (encore) député Mohamed Moubdiî et le début de l’attente sérieuse pour son jugement, les rumeurs enflent et se précisent sur une « certaine volonté » des autorités concernées à faire aboutir les procès et/ou enquêtes entamés à leur terme et de faire appliquer les sentences et jugements prononcés à l’encontre de nombreux responsables ou ex-responsables.
Pouvons-nous aujourd’hui – sans trop de naïveté – espérer que la justice qui regardait ailleurs devienne vraiment aveugle et que son glaive frappe là et quand il le faut, sans aucune autre considération que le droit ?
Arrêtons-nous d’abord à cette formule, qui revient avec insistance dans plusieurs médias : « la volonté des autorités concernées… ». Faut-il s’en réjouir ? oui, parce que, enfin, il semblerait que la justice pourra suivre son cours, même légèrement asséché en ces temps de sécheresse insistante.
Il semblerait aussi que ceux qui avaient été condamnés pourront enfin purger leur peine et ainsi payer leur dette à la société. Dans le cas contraire – qui est souvent le cas présent – la crédibilité de la justice se trouve méchamment malmenée.
Mais il faut, également, s’en lamenter car si des affaires en justice n’aboutissent pas ou que des jugements ne sont pas appliqués, le glaive de Dame Justice rouillera, l’impunité s’étendra et, plus grave, la perception d’une société injuste s’élargira, avec les dégâts et ravages qu’on sait. Et précisément, nous y sommes encore, tant que les « rumeurs » ne se confirment pas…
Et puis, récemment encore, et après plusieurs mois d’une curieuse et incompréhensible attente, l’affaire des billets de Qatar resurgit. Deux personnes vont donc être poursuivies. Mais sont-elles seules à avoir été impliquées dans cette affaire ? Ne sont-elles que des lampistes sacrifiés sur l’autel de l’impunité ?
On attendra donc le début des procès, si procès il y a bien évidemment, car depuis le temps que le président de la Fédération de football avait promis enquête, révélations, suspensions et autres sanctions, on pourrait légitimement en douter.
Concernant le cas de Mohamed Moubdiî, et au-delà des malheurs actuels du personnage, on retiendra deux choses. L’homme est en délicatesse avec la justice depuis des années, il fut ministre puis il a été réélu député, tout en officiant comme « maire » de sa bonne ville de Fqih Ben Salah ; cela n’est pas normal, et la justice y a enfin mis un terme.
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