L’arbre, cet ennemi à abattre dans nos villes ! - Par Aziz BOUCETTA
Il semblerait que la Ville de Casablanca ait l’hostilité solide à l’égard des arbres, n’hésitant pas à couper et déraciner ceux qui dérangent, sans que l’on sache exactement ce que cela dérange. Et quand on ne peut pas couper ou arracher, alors on élague à la racine des branches, laissant de tristes moignons tendant vers nulle part.
Les responsables de la Ville donnent le sentiment d’une certaine satisfaction quand on ne voit dans les artères que le béton et l’asphalte, en plus de quelques trucs affreusement bling-bling.
Qu’il est hideux, ce spectacle des engins de terrassement terrasser un arbre ! Qu’il est déchirant de voir un arbre trentenaire, quadragénaire ou plus subir les assauts des pelles mécaniques, des scies électriques et de la gestion chaotique d’élus ou de responsables dédaigneux ! Les raisons de ce massacre ? Elles sont diverses, de la plus logique à la plus chimérique.
Tantôt, les arbres bloquent le développement de la voierie et l’élargissement des artères, tantôt les arbres se trouvent sur l’itinéraire d’un équipement de transport, tramway ou busway.
Mais parfois, le préposé à l’arrachage vous explique ingénument que les arbres, ou certaines variétés, sont simplement salissants, et qu’au lieu de mobiliser des équipes de nettoyage, il est préférable d’extirper le mal à la racine, c’est-à-dire l’arbre avec sa racine !
On pourrait comprendre si, en parallèle à ces opérations d’abattage, une politique de plantation de nouveaux arbres était menée avec rigueur et vigueur. Au lieu de cela, on voit des palmiers partout, sur le littoral aussi, mais également sur des parcours de tram ou de bus. Il paraîtrait, selon les responsables, que ces plantes (le palmier n’est pas un arbre) ne détériorent ni la voirie ni les trottoirs.
A Casablanca, il faut vraiment chercher des arbres pour les trouver… et on les trouve essentiellement dans les nouveaux lotissements du sud de Casablanca, des quartiers résidentiels où la densité de population n’est pas la même que dans des quartiers plus populeux mais, étrangement, vidés de leurs arbres, remplacés – quand ils le sont – par des palmiers, qui procurent peu d’ombre, qui poussent lentement, qui sont souvent peu adaptés à ces sols.
L’association Maroc Environnement 2050 avait attiré l’attention des édiles de la capitale en 2020 sur le fait que planter des palmiers était « une erreur professionnelle et une aberration environnementale », dans un pays classé pourtant deuxième en matière de diversité biologique dans le pourtour méditerranéen !
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