L’impression à la demande : une solution verdissant l’industrie du livre - Par Bernard CHAUSSEGROS
En mars dernier, des millions de poissons morts par asphyxie se sont échoués sur les côtes du Sud-Est de l’Australie. Les températures de l’eau s’élevant jusqu’à 40 degrés Celsius et le manque d’oxygène ont été fatals pour la faune. Il faut le constater, depuis quelques années, notre planète connait des bouleversements climatiques incessants.
Les changements que l’on voit poindre se caractérisent d’ores et déjà par des phénomènes exceptionnels. Cela va de la simple ellipse entre les saisons, avec la disparition des mi-saisons, à la multiplication des catastrophes naturelles d’ampleur. Cette évolution apparemment incontrôlable et incontrôlée démontre le caractère anormal de ces événements que l’on pourrait presque qualifier d’artificiels tant la responsabilité humaine semble inhérente à leur apparition.
Le mercredi 2 août 2023 sera, pour l’année en cours, le « jour du dépassement », date à partir de laquelle l’Homme vit à crédit sur les ressources naturelles de la Terre.
L’impression à la demande : une solution verdissant l’industrie du livre
Ce jour symbolique, qui avance d’année en année, devrait plus nous alerter sur l’impact écologique de nos activités de production. En effet, notre planète entre dans l’ère de l’Anthropocène, ce qui influe plus largement sur la biodiversité et sa pérennité.
Rappelons que l’Anthropocène désigne l’époque géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre. C’est l’âge des humains, celui d’un désordre planétaire inédit. Nous avons domestiqué la planète en accaparant toujours plus de ressources de son sol, en la colonisant avec nos usines, nos villes et toute une série d’infrastructures, mais nous avons également induit un impact sur le climat lui-même.
Pour ne citer qu’elle, l’industrie du papier, dont la production croissante atteint désormais 7.5 milliards de tonnes, est l’une des principales causes de la déforestation qui détruit de nombreuses régions du monde. Les forêts sont abattues pour fournir du bois d’œuvre et fabriquer de la pâte à papier, ce qui provoque une dégradation de la biodiversité, ce qui amplifie l’augmentation des émissions de carbone et ce qui contribue à la destruction de l’habitat naturel des espèces animales.
La fabrication du papier n’est pas en soi le seul problème environnemental généré par cette industrie, car son utilisation également, notamment dans le secteur de la presse mais aussi du livre, se traduit par un immense gaspillage des ressources. Ce constat sans appel suscite déjà de nombreuses réflexions et alimente des études approfondies dans le but de repenser la consommation de la lecture.
Pour ne parler que du « livre », dans un contexte de mutation du secteur, les maisons d’édition doivent faire face à de nombreux défis. Les profonds changements dans les habitudes de consommation qui se sont accélérés pendant la période de crise sanitaire, la montée en flèche de l’industrie du numérique et des NTIC, la place prépondérante prise par les combats autour des enjeux écologiques sont autant d’indicateurs qui ont incité le secteur à devoir se réinventer.
En effet, cette industrie, que l’on peut qualifier de « vieillissante », voit que son format, et même sa chaîne de valeur, ont été transformés pour devenir aujourd’hui protéiformes. La transition du « papier » vers le « numérique » en est l’une des tendances, et elle est largement stimulée par les suites de la pandémie de la Covid 19 et par la hausse du prix des matières premières due à la guerre en Ukraine.
Mais les maisons d’édition continuent de produire des livres en masse et le marché est aujourd’hui saturé par les nouveautés, preuve s’il en était besoin que ce secteur industriel n’a pas dit son dernier mot, n’a pas imprimé sa dernière phrase, et n’a pas sorti son dernier ouvrage.
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