Montaigne, l’Analyse Transactionnelle et la Bonne Gouvernance - Par Ali BOUALLOU
« Je m’avance vers celui qui me contredit ». Cette maxime est attribuée à Montaigne. Elle apparait dans les Essais III. Il faut rappeler que les Essais I, II & III représentent son œuvre principale. Je rappelle également que Montaigne a vécu entre 1533 et 1592, avant le siècle des lumières, et qu’il a passé les dernières années de sa vie à revoir ses Essais. Leur dernière version appelée « L’Exemplaire de Bordeaux » témoigne de sa grande rigueur intellectuelle et de sa propension à la perfection.
Permettez-moi d’invoquer toute la citation « Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère : je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit ».
En chacun de nous existe différents états du moi. En Analyse Transactionnelle chère au psychiatre Eric Berne (1910 – 1970), on parle de trois Etats du Moi, le moi Parent, le moi Adulte et le moi Enfant. J’y reviendrai plus bas dans cet article.
En philosophie, j’aurai tendance à dire qu’il en existe deux. Pour faire court, un état où les choses persistent et un autre où elles ont tendance à changer continûment.
Le premier est représenté par un instinct formel comme le précise le poète et théoricien de l’esthétique Friedrich von Schiller (1759 – 1805). Cet instinct s’appuie sur l’unité et la stabilité de notre personne pour avancer dans la vie. Le second par contre est l’instinct sensible qui nous pousse vers le changement et l’élargissement de notre intériorité pour cultiver la soif de la recherche de la variété et de la vérité.
L’homme a tendance à imposer sa compréhension du monde mais ne se préoccupe nullement des conséquences d’un tel acte. Une seule et même vision du monde sans contradictions surmontées comme dirait Hegel (1770 – 1831) mène à l’ennui, où ce que Schopenhauer (1788 – 1860) appelle le fruit d’une satisfaction trop longue empêchant d’entrer en communion avec la totalité de l’être.
L’être humain a beaucoup à perdre à vouloir ne rencontrer sur son chemin que les gens à son goût, approuvant ses pensées, riant à son humour, partageant son divertissement et des fois même lui permettant d’obtenir tous ses désires. Se comporter ainsi c’est tout simplement se détourner de la réelle condition humaine et de ce qui l’afflige. Pascal (1623 – 1662) appelle cela la recherche désespérée d’une consolation face à la difficulté d’être soi.
Se contredire ou être contredit participe à être soi-même. Les plus grands philosophes se contredisaient en eux-mêmes. Nietzsche (1844 – 1900) était complètement décousu par ses propres contradictions. Il avouait lui-même ses oppositions dans ses œuvres mais ne cherchait nullement à les résoudre. Nietzsche écrit dans Ecce Homo (Voici l’Homme) : «Indépendamment du fait que je suis un décadent, j’en suis également l’opposé». Pour Nietzsche, l’opposition est le fondement de la compréhension de la réalité afin, ajoute-t-il, de parcourir toute l’orbite de l’âme moderne, de l’homme multiple, pour siéger dans chacun de ses recoins.
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