Chômage : les chiffres cognent et rognent la confiance - Par Aziz BOUCETTA
Encore une fois, le gouvernement se trouve fort embarrassé par les données apportées par un organisme d’observation et d’analyse de l’activité économique, en l’occurrence le Haut-commissariat au Plan, qui vient de publier les chiffres de l’emploi dans le pays. Il en ressort que le taux de chômage au Maroc a bondi à 12,9%, pour la première fois en 20 ans. Un peu occupé ce week-end, le gouvernement n’a pas encore vraiment réagi.
Il devrait, pourtant… car le secteur agricole, grand pourvoyeur d’emplois, est touché de plein fouet par ce qu’il faut bien appeler une sécheresse cette année encore, venant après celles des années passées et vu comment ça se présente et comment c’est parti, une sécheresse qui précédera d‘autres.
En effet, sur les 280.000 emplois perdus en un an, 229.000 l’ont été en milieu rural, et la tendance n’est pas près de s’arrêter, et encore moins de s’inverser. Et on sait que quand l’agriculture ne va pas, le reste ne va pas bien non plus.
Réagissant, lui, à ses chiffres, le Haut-commissaire Ahmed Lahlimi explique qu’il s’attendait un peu à tout cela, lui qui était ministre des Affaires générales dans le gouvernement el Youssoufi, détenteur du record du taux de chômage de 13%, même si les conditions, si le Maroc, si l’environnement international étaient différents voici un quart de siècle.
Ainsi donc, pour M. Lahlimi, la situation actuelle est due à la concomitance de facteurs structurels (avec une économie qui sur les 20 dernières années, a créé 110.000 emplois en moyenne annuelle contre 265.000 arrivées sur le marché du travail, chaque année que Dieu fait), de la conjoncture peu favorable, du ramadan et des annonces du gouvernement sur l’emploi.
La situation est d’autant plus préoccupante, peut-être même inquiétante, que tous les indicateurs sont au rouge. Le sous-emploi augmente, les emplois stables diminuent et le chômage parmi les jeunes de 15 à 24 ans reste élevé, à plus de 35%.
Plus tôt dans l’année, le même HCP calculait que l15 millions de Marocains sont en âge de travailler mais ne travaillent pas, ce qui dope mécaniquement le nombre et le taux de jeunes en inactivité ; pire, l’organisme dirigé par M. Lahlimi indiquait qu’en 2022, 24.000 emplois avaient disparu. On est loin des centaines et des milliers d’emplois promis par le RNI en 2021.
Faut-il pour autant en faire le reproche au gouvernement ? Certainement pas. Le Covid a dévasté les économies, la guerre en Europe continue de les ravager, la sécheresse locale complique la donne, insistant et s’incrustant… Le gouvernement Akhannouch n’est pas coupable, mais il est responsable. Responsable de quoi ? D’une attitude qui frise… l’irresponsabilité.
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