Hausse des prix, Aziz Akhannouch et Abdellatif Jouahri en ont perdu la voix ! - Par Aziz BOUCETTA
Un Conseil de Bank al-Maghrib atypique à bien des égards. D’abord, un relèvement du taux directeur pour la 3ème fois consécutive, atteignant 3%, puis un communiqué de la banque centrale mis en ligne puis retiré avant d’être remis en ligne, et enfin, le wali Abdellatif Jouahri qui annule sa conférence de presse au dernier moment.
Il se passe indéniablement quelque chose de grave mais, bien entendu, personne pour en dire plus, et encore moins le principal concerné, Aziz Akhannouch.
Etat des lieux en février 2023, selon le HCP : « Inflation en hausse à 10,1% (indice des produits alimentaires de 20,1%) », et en janvier 2023, toujours selon le HCP, « inflation de 8,9% (indice des produits alimentaires de 16,8%) ». Inflation à deux chiffres, donc, après une prévision par la banque centrale d’une inflation moyenne à 3,9% en 2023, 2% pour le très optimiste gouvernement ; la prévision est donc relevée à 5,5% pour l’année en cours.
Quant à la croissance, Bank al-Maghrib l’avait estimée pour 2023 à 3%, avant de la ramener à 2,6%, contre 4% pour le gouvernement.
Les prix ne baissent donc pas, certains ministres s’essaient à les comparer avec ceux d’autres pays, ce qui est idiot, et ne parviennent pas à maîtriser ou à contrôler ces envolées de prix des produits alimentaires essentiels, alors que nous sommes pourtant en plein dans ce mois de ramadan qui les inquiétait tant.
Le gouvernement se démène donc et la banque centrale assène.
Dans son communiqué furtif qui surgit, s’escamote et réapparaît, les chiffres ne sont pas bons, mais alors vraiment pas, et Bank al-Maghrib insiste sur la décompensation prévue pour 2024, ce qui rappelle l’extraordinaire cafouillage de Fouzi Lekjaa à ce propos, précipitamment rétropédalé quelques jours après par Nadia Fettah, en novembre dernier.
Quel est le rôle de la banque centrale ? Elaborer, en toute indépendance, la politique monétaire du royaume et conduire, en toute autonomie, les mesures de contrôle de l’inflation. Mais, pour autant, augmenter le taux directeur à 3% est-elle une bonne idée ?
Les économistes sont partagés, et globalement, ils sont plutôt opposés à cette mesure, car relever ce taux directeur pénaliserait bien plus l’investissement et la consommation de biens non alimentaires qu’elle ne ralentirait la hausse des prix des produits alimentaires, qui ont bondi de 20% !
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