Discours du Trône : le "sérieux", ce facteur sans lequel rien n’est possible - Par Aziz BOUCETTA
Il aura finalement fallu que ce soit le roi qui le dise, qui le répète, qui le martèle, qui l’assène. Il faut du sérieux à ce pays, du sé-rieux ! Bien des choses sont réalisées et peuvent bien et mieux l’être avec du sérieux, et bien d’autres choses pourraient être faites avec du sérieux. Un avertissement à prendre au sérieux, pour faire les choses sérieusement…
Dans son discours du Trône 2023, le roi Mohammed VI a fait à son habitude une sorte de récapitulatif sur l’état du pays, revenant sur certains faits qu’il a lui-même conduits ou conclus : l’exploit du Mondial du Qatar, la voiture à hydrogène de conception marocaine (même si non locale puisque développée en France), le lancement du Programme d’investissement vert du Groupe OCP…
Le chef de l’Etat a également évoqué les fondamentaux de la cohésion sociale au Maroc, et il a rappelé l’importance de relations cordiales voire amicales avec l’Algérie voisine, qui semble toujours ne pas en comprendre l’utilité.
Mais ce qui paraît être le plus important est l’insistance sur le "sérieux", un terme employé pas moins de 14 fois dans le discours ( jiddiya, dit le roi, lmaâqoul en darija, le fameux maâqoul).
Quand on connaît la rigueur avec laquelle sont rédigés les discours royaux, et quand on sait le nombre de personnes qui les lisent et relisent avant la validation par le roi lui-même, on peut valablement supposer que cette récurrence du mot sérieux ne doit rien au hasard et que l’utiliser autant de fois pour tant de domaines indique que ce qui manque le plus cruellement à ce pays est… le sérieux.
C’est avec sérieux que les grandes réformes entreprises dans ce pays ont été lancées et adoptées, et c’est sans doute par manque de sérieux que, souvent, aujourd’hui, elles patinent, elles pataugent.
C’est avec sérieux que le constat du besoin d’un nouveau modèle de développement avait été dressé par le roi mais c’est par double manque de sérieux que personne ou presque n’en a proposé deux années durant et qu’une fois proposé par la commission Benmoussa, il a été pour ainsi dire enterré par le gouvernement Akhannouch.
C’est avec sérieux que la question du Sahara connaît de belles embardées et c’est par manque de sérieux qu’il reste tant à faire, socialement et humainement, dans nos provinces du Sud.
C’est avec sérieux que la régionalisation avancée a été pensée, conçue, rédigée et adoptée, mais c’est par manque de sérieux qu’elle ne procure pas les résultats attendus. C’est avec sérieux que la réforme du code de la route avait été menée à son terme mais c’est par manque de sérieux, de...tous, que nous avons encore autant d’accidents de la circulation… La liste n’est pas exhaustive !
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