Deux ans pour un viol d’enfant, répété, en réunion…il y a un sérieux problème ! - Par Aziz BOUCETTA
L’histoire ne dit pas si les violeurs d’une fillette de 11 ans dans la région de Tiflet, condamnés à seulement deux ans de prison par une cour de justice de Rabat, ont aussi reçu les félicitations du jury ! Ils étaient trois hommes âges de 30 à 40 ans, à s’être alternés pour violer l’enfant, plusieurs fois, jusqu’à leur arrestation après le constat de grossesse, et l’accouchement d’un petit garçon. Deux ans !
Et pourtant, le code pénal, dans ses articles 486 et suivants, prévoit des peines de prison allant jusqu’à 30 ans de prison. Mais non, deux ans ! Les trois hommes ont violé la fillette à plusieurs reprises et fait aggravant, ces actes se sont tenus devant une autre mineure, et ils ont menacé de tuer la famille de leur victime si elle les dénonçait.
Deux ans ! Aujourd’hui, une gamine de 13 ans est mère d’un enfant d’un an et la justice, face aux criminels, a dit son mot : deux ans ! Pire, un test ADN a confirmé la paternité d’un des trois hommes ; il n’empêche, deux ans !
Victor Hugo disait qu’ « il se passera du temps encore avant que la justice des hommes ait fait sa jonction avec la justice », il disait vrai... Lorsqu’ on condamne un violeur d’enfant(s) à 2 ans, voire même 10 ans de prison, alors l’ignominie de celui qui viole n’a d’égale que l’irresponsabilité de ses juges.
Oui certes, un juge doit être respecté et prémuni contre toutes formes d’attaques ou de critiques, mais jusqu’à un certain seuil ! Quand on touche à l’innocence d’un enfant, plus personne n’est innocent ni intouchable.
Il est temps de le dire, clairement, ou de le redire mais en insistant, nous avons un problème avec notre justice. Quel que soit l’effectif – qu’on suppose, qu’on espère réduit – de nos juges incompétents ou pire, il pose problème…
Il pose problème au corps de la magistrature lui-même, dont les membres seront heurtés de savoir que dans leurs rangs prospèrent des gens qui n’y ont pas leur place, mais qui y restent…
Il pose problème à la population car, comme le dit le rapport NMD, « un sentiment d’insécurité judiciaire et d’imprévisibilité limite les initiatives, et la justice pâtit d’un manque de confiance de la part des citoyens ».
Et sans sécurité judiciaire, il ne peut y avoir de confiance dans le présent ni d’espoir dans l’avenir, et il n’est donc pas de possibilité de développement, ni dans le présent ni dans l’avenir.
Il pose problème car les Marocaines et les Marocains continueront de s’en aller de ce pays qui ne protège pas son enfance, leurs enfants, avec une éducation mauvaise, avec une santé mauvaise, et avec une justice mauvaise… un pays qu’on veut tant aimer et pour lequel... on accepte tant de sacrifices mais auquel personne n’est prêt à sacrifier ses enfants.
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