La démocratie a besoin de père(s), mais aussi de maires - Par Aziz BOUCETTA
« Sans institutions communales une nation peut se donner un gouvernement libre, mais elle n'a pas l'esprit de la liberté » professait Tocqueville lors de son célèbre voyage en Amérique, dans la première moitié du 19ème siècle. Exact, pourrions-nous dire, car la commune, et par là-même le maire, le président du conseil communal comme on dit dans nos contrées, demeure en principe le véritable pilier la démocratie locale, donc de la démocratie tout court. En principe seulement, car au Maroc, c’est très loin d’être le cas…
La constitution de 2011 a consacré tout un Titre à la question territoriale, mais elle s’arrête essentiellement aux régions, les communes étant vaguement mentionnées, même si elles feront plus tard l’objet d’une loi organique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il existe 12 régions au Maroc, et plus de 1.500 communes, urbaines et rurales.
Le président de la région, haut dignitaire devant l’Eternel, demeure donc éloigné des populations, contrairement au maire, forcément mais supposément plus proche de ses électeurs. Et encore une fois, en principe seulement.
Et de fait, la région est l’objet de toutes les attentions, de la constitution au grand projet royal, un projet de règne, sur la fameuse « régionalisation avancée ». Face au président de région, le maire fait pâle figure, voire joue au figurant, et doit se contenter de l’exécution des décisions prises par les deux véritables patrons territoriaux que sont le wali et le président du conseil de la région.
Qu’est-ce qu’un maire et que fait-il ? Il « gère » sa ville et son administration, prépare et fait voter le budget, veille à la régularité des marchés, parfois assure l’ordre public (pas au Maroc), assure la préservation du patrimoine culturel, etc…
Mais d’abord et avant tout, un maire sillonne sa ville nuit et jour, en connaît les moindres coins et recoins, intervient spontanément dans toutes sortes de faits qui surviennent sur son territoire, sert d'interface entre la population et l'Etat central, signale des anomalies et vérifie l’exécution des actions ou réparations, dispose d’une vision pour l’avenir de sa commune, déploie, défend et impose au besoin ses projets et aussi, connaît ses électeurs et « prend soin » d’eux.
Dans plusieurs cas, un grand maire qui réussit dans sa ville gravit les échelons politiques et devient personnage central de son pays, comme Recep Tayyib Erdogan, ancien maire d’Istanbul, Boris Johnson, ancien maire de Londres, Jacques Chirac, ancien maire de Paris, et d’autres encore.
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