Gouvernement: «le Pouvoir parle» - Par Mustapha SEHIMI
Le gouvernement est donc à la tâche: il le déclare, il l’explique... Après trois semaines de vacances, cet Exécutif a tenu un Conseil le jeudi 24 août courant. Quoi de nouveau? Aziz Akhanrouch a lu un texte. Pour dire quoi? Qu’il va poursuivre son action. Pouvait-il en être autrement? Pas vraiment.
Le Chef du gouvernement a annoncé les axes de sa politique en 2024. Mais ce n’était là qu’une sorte de resucée de ce qu’il avait déjà précisé au début de ce même mois, à propos des priorités du projet de loi de finances de l’année prochaine.
Il faut les rappeler: consolidation des piliers de l’État social, mise en œuvre des réformes structurelles, mobilisation des finances publiques, renforcement de la souveraineté hydrique et alimentaire, promotion des investissements et de l’emploi, «offre Maroc» dans le domaine de l’hydrogène vert.
Il faut y ajouter des mesures sociales: programme des allocations sociales à la fin de l’année (allocations familiales et ciblage des aides sur la base du registre social unifié).
De la continuité donc, avec une inflexion sociale. Il aura fallu bien du temps pour en arriver là. Ce cabinet a été en effet investi, voici près de deux ans, en octobre 2021, avec une mandature de cinq ans, correspondant à la présente législature de la Chambre des représentants (2021-2026). Deux ans se sont pratiquement écoulés.
Ne lui reste de fait que deux autres années «utiles», dira-t-on. Il ne faudra pas attendre grand-chose en effet de 2026, par suite de l’agenda électoral contraignant avec un processus imprimant sa marque dès le premier trimestre de cette année-là.
Les «chantiers», les «réformes structurantes» et tant d’autres annonces: oui sans doute.
Mais pour les citoyens de base, la majorité de la population, la difficulté est celle-ci: la contrainte au quotidien du pouvoir d’achat. Ainsi, le moral des ménages se dégrade, selon le HCP: il poursuit sa tendance baissière avec un taux de 45,4 points au deuxième trimestre 2023, contre 50,1 points à la même période en 2022 -c’est le chiffre le plus bas depuis le début de cette enquête en 2008. Préoccupant.
Dans cette même ligne, il vaut de noter la hausse de la circulation de la monnaie fiduciaire, le «cash», en 2022, selon le rapport annuel de Bank Al-Maghrib: 10% pour atteindre 372 milliards de DH (MMDH). Les dépôts bancaires en pâtissent, mais aussi les liquidités des institutions financières. Celles-ci accuseront ainsi, selon les prévisions de la Banque centrale, un déficit de l’ordre de 107 MMDH à la fin 2023 et même de 118 MMDH à la fin 2024.
Que faire pour y remédier? La lutte contre l’économie informelle relève toujours du discours sans de réelles mesures. Il en est même pour celle contre l’évasion fiscale, le gouvernement en parle sans «oser» s’y atteler de manière conséquente. Frilosité, réseaux d’intérêts, clientèles électorales: autant de facteurs cumulatifs, parmi d’autres, qui expliquent une telle situation.
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