Une société en souffrance mentale… - Par Rachid BOUFOUS
Selon une étude nationale sur les prévalences des troubles mentaux, 26,5% des marocains souffriraient de dépression, 9% de troubles anxieux, 5,6% de troubles psychotiques et 6,5% auraient des “idées suicidaires”. Par ailleurs, 48,9% des marocains âgés de 15 ans ou plus “ont ou ont déjà eu des signes de troubles mentaux”.
C’est énorme pour un pays d’à peine 36 millions de bipèdes…
Je reste tout de même dubitatif et même parfois enclin à y croire. Souvent je rencontre des gens, bien sous tous rapports et qui semblent, à première vue, équilibrés mentalement. Toutefois, il m’arrive de les voir changer, soudain, de tempérament, d’attitude ou de comportement. C’est assez étrange et cela me pousse à me poser de sérieuses questions. On ne peut pas passer d’un comportement calme à un comportement à la limite de la schizophrénie, en très peu de temps.
La nature humaine marocaine étant par essence instable et changeante selon les humeurs du jour, de la lune, du soleil, de la pluie, du beau temps, des hormones, des menstruations, de de l’argent, de l’amour, de l’échec, de la Hazqa, de l’Ukraine, de la Palestine, du prix du carburant, du prix de la tomate, de celui de la viande, des retards du train, de la religion; je n’arrive toujours pas à comprendre comment on passe d’un état primaire à un état second, chez nous, en un laps de temps, qui rendrait la vitesse de la lumière obsolète et dépassée…
J’ai beau chercher à comprendre, compulser les œuvres doctes de savants étrangers, je me rends compte qu’il nous manque des psychanalystes locaux sérieux et rigoureux, pour s’épancher sérieusement sur notre mal psychique local. Je crois toutefois avoir décelé quelques facteurs communs qui rendent les gens, ici, un peu moins prévisibles qu’ailleurs.
Tout d’abord et en premier lieu, l’argent. Dans un pays où la majorité des gens sont en proie à la Hazqa structurelle, cette « faucherie » généralisée, avoir de l’argent pour s’en sortir économiquement et socialement demeure une quête constante chez la plupart des individus.
En manquer, reviendrait à vivre des moments très difficiles, vivre des instants pénibles, devoir subir le regard condescendant et méprisant de ceux qui ont en et surtout passer des nuits blanches à cogiter sur le moyen, légal ou pas, d’en avoir suffisamment pour « peter » à la face des autres ou pour juste payer la traite à la fin du mois, faire ses courses ou payer la scolarité de ses enfants…
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Powered by Ausha 🚀