Attention le monde vieilli - Par Gabriel BANON
Pour la Chine, cette évolution était prévisible depuis le lancement de la politique de l’enfant unique en 1979. Les générations correspondantes se sont rétrécies, particulièrement celle des jeunes actifs et c’est chaque année qu’une génération de plus, maigrit.
C’était évident pour les démographes. Alfred Sauvy écrivait : « la démographie, c’est dire qu’un enfant de 9 ans en aura 10 l’année prochaine. C’est trop simple pour être intéressant, et donc ça n’intéresse personne ». Quand cela intéresse les responsables, il est souvent trop tard.
Le président chinois, Xi, semble en avoir pris vraiment conscience que lors du recensement publié en 2022, constatant que la population avait diminué cette année-là de 850 000 personnes, du jamais vu depuis les grandes famines résultant de la folie révolutionnaire maoïste. Selon les projections les plus pessimistes, elle pourrait n’avoir que 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui.
En 2019, l’ONU pensait encore que la Chine n’atteindrait son pic de population qu’en 2031-2032. Mais depuis, le taux de fécondité s’est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021.
Alfred Sauvy s’en inquiĂ©tait pour la France dès les annĂ©es 1930, reprenant le flambeau de lanceurs d’alarmes apparus Ă la fin du XIXe siècle lors des premières annĂ©es oĂą la population française a diminuĂ©. Apparu alors l’association « Alliance nationale population et avenir », crĂ©Ă© en 1911 qui Ă©dite une revue et des articles de renommĂ©e internationale.Â
Pour expliciter le phénomène, prenons un pays imaginaire où, depuis un siècle, le nombre d’enfants par femme est stable à 2,1 les générations se remplacent donc parfaitement. Supposons que tous travaillent à 20 ans, prennent leur retraite à 60 et que l’espérance de vie soit constante.
La population est stable et la composition pyramide des âges ne change pas. Mais si dans ce pays imaginaire, la fécondité tombe d’un seul coup de 2,1 à 1,2 les vingt premières années, personne n’y prêtera attention et ne réalise le danger.   Bruxelles considérait que : « les économies sur les enfants permettront de financer des retraites », ce qui est une absurdité à long terme.
Dans les 40 annĂ©es qui vont suivre la baisse de la fĂ©conditĂ© dans ce pays imaginaire, le nombre de personnes en âge de travailler va diminuer.  Si la productivitĂ© est stable, cette baisse engendrera une diminution de la production et une baisse des cotisations de retraite.Â
Pour corriger la situation, le gouvernement de ce pays imaginaire pourra être tenté de relancer la production en distribuant de l’argent aux particuliers. Mais cela ne fera que générer de l’inflation (situation actuelle de la France). La pénurie de main-d’œuvre se faisant de plus en plus sentir au fil des ans, dans tous les domaines, 60 ans après le début de la baisse de la natalité, le pays se retrouverait dans une situation critique dont il pourrait ne pas se relever.
Les recherches amĂ©ricaines en psychologie gĂ©nĂ©tique montrent que la capacitĂ© crĂ©atrice des individus tend d’abord Ă croĂ®tre avec l’âge, et passĂ© un certain seuil, Ă dĂ©cliner. Empiriquement, nous pouvons constater que la jeunesse est plus encline Ă l’ouverture d’esprit, Ă de nouvelles expĂ©riences et Ă diffĂ©rents chemins de pensĂ©es que leurs aĂ®nĂ©s.Â
Le vieillissement pousse politiquement à la stabilité. En 2007, les électeurs âgés ont très majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy à l’opposé de la majorité des plus jeunes qui a choisi son adversaire socialiste censé être plus réformateur, voire révolutionnaire, fantasme bien français malgré les exemples catastrophiques donnés par l’histoire.