Deux ans après son succès électoral, Aziz Akhannouch toujours silencieux - Par Aziz BOUCETTA
C’est la rentrée… la rentrée politique, sociale, économique, scolaire. Tout le monde se remet en place et reprend les choses là où elles avaient été laissées fin juillet. Dans l’intervalle, bien des choses se sont produites et d‘autres attendent encore, mais personne ne dit rien, sur rien.
Le Maroc dispose d’un gouvernement de technocrates supposés délivrer, mais sans jamais se livrer. Hors les ministres de souveraineté, traditionnellement et « contractuellement » taiseux, les autres devraient s’exprimer, et en particulier leur chef, mais non, il persiste dans son silence, espérant sans doute et en silence boucler les trois ans qui lui restent sans rien changer.
Dix années durant, le gouvernement a été dirigé par le PJD. Arrivés par les urnes, les gens du PJD sont repartis en empruntant la même voie. Qu’on apprécie ou pas ce parti, force est de constater qu’il avait un certain talent politique, partant du principe qu’avec le savoir-faire, il fallait aussi faire savoir. Pour le savoir-faire du PJD, on repassera, mais pour le faire-savoir, il était très bon.
Le premier mandat de ce parti, de 2011 à 2016, avait été dirigé par Abdelilah Benkirane. Le PJD était accompagné au gouvernement par le RNI (depuis 2013, après la sortie de l’Istiqlal) et le PPS, essentiellement, les autres étant là pour l’arithmétique. De grandes décisions avaient été prises et chaque fois exposées, expliquées, décortiquées, … retraites, décompensation, ONEE, et bien d’autres mesures avaient été admises par les populations car on leur faisait l’amitié de les tenir au courant et surtout ne pas les tenir pour des mineurs d’âge irresponsables.
Le second mandat avait été conduit par Saadeddine Elotmani qui, à son tour, venait devant les électeurs, les siens et les autres, pour expliquer ce qui devait l’être. Il recevait généralement en retour des torrents d’attaques, des avalanches d’insultes, mais il tenait son rôle de chef du gouvernement, venant au parlement comme son prédécesseur, essayant de convaincre, ferraillant avec l’opposition ou ce qui en tenait lieu.
Dans les deux cas, le RNI était là… et aujourd’hui, ce parti, pour la première fois de son histoire, tient les rênes du gouvernement. Et que pensez-vous qu’il arriva ? Ce fut le Verbe qui creva. Le chef du gouvernement, pourtant, n’est pas un piètre orateur, et il a montré ses qualités oratoires à maintes reprises lors des cinq années durant lesquelles il a sillonné le pays, parlé à ses gens, répondu aux attaques et procédé lui-même à d’autres charges. Mais depuis qu’il est en fonction, c’est la Grande Muetterie ! Pas un mot, depuis sa désastreuse sortie télé de janvier 2022, quelques mois après sa prise de fonction.
Cela place les Marocains, et leur toute nouvelle constitution face à ce dilemme : compétences silencieuses ou personnels politiques novices ?
Le Maroc...a besoin des deux, en l’occurrence de femmes et d’hommes politiques aguerris, présentant leurs projets et défendant leur politique, apportant des précisions et répondant aux sceptiques.
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