Algérie du Sud et Algérie du Nord, France du Nord et France du Sud - Par Aziz BOUCETTA
Décidément, cette histoire entre la France l’Algérie n’en finira jamais ! 132 années d’occupation, de colonisation, d’appropriation, 8 ans de guerre et de massacres croisés et 61 ans d’indépendance formelle faite de dépendance aussi mutuelle qu’éternelle, cela laisse des traces… La France ne peut pas plus se passer de l’Algérie que l’Algérie de la France, avec le Maroc et le Maghreb comme victimes collatérales d’une identité tumultueuse.
En 1827, le dey d’Alger reçoit le consul général de France Pierre Deval et s’énerve contre lui et contre la France, pour une sombre question d’argent.
S’en suit le fameux soufflet… une petite gifle pour le consul Deval, une grande claque pour le Maghreb. La gifle allait servir de remplacement des Ottomans en Algérie, après 4 siècles, par les Français, pour un siècle et demi, et même plus.
Autant d’occupations, sur tout ce temps, cela forge un caractère, que l’on retrouve aujourd’hui chez nos voisins irascibles, qui ont installé l’armée aux commandes d’à peu près tout, une armée dont les chefs se prennent pour des Ninjas et dont le peuple n’en peut plus de ne pas savoir où il en est.
D’où la France…
La France, donc, en 1962, est partie sans vraiment partir, restant sans tout à fait rester ; c’est certes un peu pareil pour les autres pays du Maghreb mais disons que c’est plus marquant en Algérie.
Les Algériens, donc, entre 1954 et 1962, hurlaient à la France de s’en aller, en chœur, mais les Français natifs du coin avaient le cœur à rester, et tout cela avait créé une grosse dose de rancœur, de part et d’autre, qui est toujours là.
Alors, pour aller vite et faire court, cela a donné cette chose appelée indépendance de 1962 mais, quelques temps après, cela a aussi abouti à l’Accord de 1968 qui, en gros, permettait et permet encore une sorte de libre-circulation, à un sens. Qui dure encore et perdure toujours.
Et on en arrive à aujourd’hui… Une France qui ne sait plus quoi ni comment faire avec l’Algérie, laquelle ne se résout pas à couper le cordon ombilical.
De l’énervement éternel côté sud, de l’agacement croissant versant nord. Résultat : des millions d’Algériens en France.
On parle de 15% de la population hexagonale qui aurait peu ou prou un lien avec l’Algérie : des pieds-noirs et leurs enfants et petits-enfants, des binationaux, des descendants de Harkis, d’anciens soldats et de nouveaux immigrés, et tant d’autres, liés par des relations économiques, affectives, historiques, foncières, foncièrement profondes et singulièrement compliquées.
Plus profondes, plus compliquées sont les relations qu’entretiennent les deux Etats, des relations faites de hauts et de bas, fondées sur l’économie et les intérêts des entreprises françaises mais aussi sur l’énergie, le gaz, oui, un peu, et surtout la sécurisation de l’uranium nigérien si proche de...
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