Quelques bribes de la civilisation marocaine… - Par Rachid BOUFOUS
« …Mais laissez-moi, Cher Berthold, vous raconter la suite des évènements, vous comprendrez mieux la valeur que revêt cette broche à mes yeux…
« Deux jours après, le Sultan se sentant mieux donna l’ordre de préparer le voyage impérial vers Fès. Toute la cour n’eut que vingt-quatre heures pour se préparer au grand départ.
Ce fut une interminable colonne de chevaux montés par les officiers et les notables, de mules et de dromadaires chargés à ras bord, que tenaient en laisse des dizaines de jeunes mokhaznis. Nous devions être quinze mille personnes au bas mot, car ce départ avait été précipité, on ne savait pas encore s’il allait y avoir des Souga en cours de route, ce qui aurait nécessité plus de gens d’armes.
Six mois auparavant, lors du voyage qu’entreprit le Sultan vers le Tafilalet, nous étions trente mille environ, si ce n’est plus…
« Le Sultan chevauchait un très beau pur-sang de couleur blanche. Un grand parasol, que tenait un solide mokhazni, le protégeait du soleil. Il était précédé de soldats en armes et de mokhaznis qui chassaient les mouches en agitant de larges étoffes blanches.
La litière impériale calée entre deux bêtes de somme et dans laquelle pouvait prendre place le Sultan en cas de fatigue suivait. Le sultan était entouré de soldats que je commandais. D’autres litières, montées cette fois-ci sur des dromadaires, emportaient les femmes du harem.
« Après la première journée de marche, le Sultan décida de faire une halte pour la nuit dans une clairière près de Sidi Bou Atmane.
« L’organisation du campement était minutieuse, chacun vaquant à ses occupations, sans empiéter sur les prérogatives des autres. Chaque corporation était organisée en Hanta ou escouade commandée par un Caïd.
« On commença par installer l’Afarag ou palais de tentes impériales, en premier. Les « frayguiya » dont c’était le travail, avaient devancé le cortège en compagnie d’un groupe de soldats au lieu choisi pour la halte, placé les tentes impériales, à la vitesse de l’éclair qui furent entourées d’une Makçoura, espèce de haute muraille en toile blanche.
« La tente impériale se trouve toujours au centre du campement et tout autour, viennent s’agencer les autres tentes constituant les dépendances de ce mini-palais ambulant. Les tentes des Vizirs et des soldats sont installées loin de l’Afarag impérial.
« D’autres personnes dits « Moualine Lafrach », s’occupent de ramener le mobilier et préparent les couches qu’ils plaçent dans les tentes impériales. C’était ainsi pour les autres grands personnages de la cour. Chaque Vizir est accompagné de ses propres gens qui s’occupaient de ses affaires.
« Dans l’Afarag impérial, c’était une véritable ruche où s’affairent des dizaines de préposés pour organiser cette halte. Il faut faire vite pour que le Sultan, une fois arrivé au campement, puisse pénétrer sans attendre dans ses appartements, sous les immenses tentes blanches, décorées, à l’extérieur, de petits losanges noirs.
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