Épisode 8 - L'Effort de Guerre des Studios Disney
Dans ce huitième épisode de Chronique Disney - le podcast, l'équipe a décidé de répondre à une question pleine de fantasmes et de rumeurs : quelles ont été la vie et les contributions de Walt Disney et de son entreprise pendant la Seconde Guerre mondiale ? Afin d'y répondre, Fred s'est entouré de Laurent, en qualité d'expert média, de Franck qui a visionné et chroniqué toutes les oeuvres produites par les Studios Disney pendant cette période, et pour finir de Karl, l'historien agrégé de Chronique Disney qui apporte son éclairage tant sur la grande Histoire que sur celle de l'Oncle Walt et de sa compagnie.
En introduction, Karl évoque la condition d'adolescent de Walt Disney durant la Première Guerre, de son choc, en assistant aux attentats allemands sur le territoire américain, à son engagement (après avoir falsifié ses documents d'identité) comme chauffeur-ambulancier pour la Croix Rouge en France en 1918 à l'âge de 17 ans. Une participation qui ancrera à jamais l'amour qu'il porte à sa nation et marquera définitivement son œuvre.
Puis, de retour au pays, le récit fait un bon en avant pour présenter le papa de Mickey et de Blanche Neige dans les années qui précèdent l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique. Années fastes, auréolées de succès pour les Walt Disney Studios où le cinéaste est bien loin des préoccupations des nations européennes qui tombent une à une face à la belligérance de l'Allemagne nazie d'Hitler et de l'URSS de Staline. Désormais devenus des incontournables de la culture populaire, les Personnages Disney deviennent des icônes pour les uniformes miliaires, les carlingues d'avion, des tanks et même des bons du Trésor canadien dont l'incitation à l'achat sera encouragée par des cartoons "publicitaires" mettant en scène les stars du Studio comme The Thrifty Pigs avec les Trois Petits Cochons ou SevenWideDwarfs avec les nains de Blanche Neige.
Mais le 7 décembre 1941, la guerre touche à leur tour les États-Unis. Les Japonnais détruisent la flotte de Pearl Harbor à Hawaï et les USA, jusqu'alors volontairement isolés, entrent en guerre contre l'Axe. Les studios de Burbank, de par leur proximité avec une usine aéronautique, sont alors réquisitionnés par l'armée et deviennent un camp de base. Les artistes qui ne sont pas mobilisés sont mis à contribution par le gouvernement pour produire des cartoons d'enseignement à destination des troupes, mais aussi à destination des populations pour leur demander de participer à l'effort de guerre en apprenant à se rationner (Vive le Pogostick) ou à s'acquitter de leurs obligations citoyennes comme dans The New Spirit.
Dès 1942, les Studios, pourtant en effectif réduit, produisent des kilomètres de pellicules pour éduquer et instruire, non sans humour. Ainsi, les stars maison ne sont pas en reste : Donald s'engage pour servir (Donald à l'Armée) et devient la vedette - avec Pat Hibulaire dans le rôle de l'instructeur militaire - d'une série de courts-métrages où il fait ses classes (Donald se camoufle, Donald Parachutiste, Gauche... Droite, etc.) ; Pluto devient la mascotte d'un régiment anti-aérien et à maille à partir avec deux petits rongeurs - dont c'est la première apparition - qui trouvent que le canon qu'il garde fait un efficace casse-noisettes (La Mascotte de l'Armée) ; Dingo dans Pour Être un Bon Marin sous couvert de faire une rétrospective sur l'histoire de la navigation en profite pour vanter les mérites de l'US Navy dans son combat dans la Guerre du Pacifique contre l'empire d'Hirohito. Toutefois si Minnie fait aussi son oeuvre à destination des ménagères, Mickey n'a pas les honneurs du grand écran mais celui de la presse où il joue les agents secrets pour contrarier les plans des ennemis totalitaires de l'Amérique.
En 1943, les Alliés gagnent du terrain et la guerre devient idéologique. Le gouvernement américain commande alors à Walt Disney quatre cartoons ouvertement de propagande. Si certains sont satiriques comme l'oscarisé Der Fuerhrer's Face - qui deviendra même une arme de résistance en Europe - , subtils car destinés aux jeunes populations comme Petit Poulet, ou didactiques comme Raisons et Émotions, Education for Death est, lui, glaçant et certainement le plus incongrument associé au nom de Disney. Las d'une collaboration forcée mais acceptée par patriotisme, Walt Disney finit par proposer au gouvernement de Franklin D. Roosevelt sa propre vision stratégique de résolution du conflit. Dans Victory Through Air Power, en un peu plus d'une heure, les artistes Disney déploient, en effet, toute leur ingéniosité et leur créativité pour exposer cette nouvelle théorie qui a convaincu Walt en personne. L'Histoire ne lui donnera pas raison mais la qualité d'animation et les techniques développées pour la réalisation de ce long-métrage deviendront incontournables à l'avenir.
Dans la dernière partie, Franck revient sur des personnages développés en collaboration avec l'écrivain Roald Dahl qui ont fait l'objet de nombreux projets d'adaptation sur tous supports au sein des Studios Disney. Entrés dans la culture populaire, la plupart ignorent que les Gremlins, qui deviendront si célèbres dans les années quatre-vingts, trouvent leur origine dans cette collaboration entre l'auteur britannique et le papa de Mickey. Malheureusement victimes de leur nature ambivalente, ces facétieux farfadets ne crèveront pourtant jamais l'écran du temps de Walt.
Enfin en conclusion, à l'image d'un monde en reconstruction, et bien qu'affaibli financièrement par ces quatre années d'effort de guerre, les Studios Disney se relèvent.
Riches des nouvelles techniques mises au point durant ses années de productions effrénées, les artistes reprennent leurs crayons et le chemin des tables à dessins pour remettre en chantier les projets arrêtés par le conflit mondial : ainsi Cendrillon, Peter Pan, Alice au Pays des Merveilles ou La Belle et le Clochard sont autant de chef-d'oeuvres qui naîtront grâce à ces années si particulières qui ont à jamais marqué Walt Disney et sa compagnie...
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