Aziz Akhannouch et la banalisation de la gouvernance en silence - Par Aziz BOUCETTA
Depuis 2011, les politiques marocains n’ont qu’un mot à la bouche, la constitution. On en discutait âprement, puis on l’a modifiée prestement, ensuite on l’a adoptée massivement, et enfin, on s’est attelé à la mettre en œuvre… laborieusement. Depuis 2011 donc, nous en sommes là , constitution par-ci, constitution par-là , déclinée partout et par tous, les personnels politiques parlent beaucoup de cet éminent et noble texte, mais très peu en font vraiment cas.
Dix années sont ainsi passées, et voilà qu’aujourd’hui, non seulement les politiques en responsabilité ne parlent plus de la constitution, mais ne parlent plus du tout.
Au lendemain des élections de novembre 2011, et même un peu avant, la politique était remuante et bruyante, chacun défendant ses positions, attaquant les autres, se liant avec certains et rompant avec les autres.
Certes le niveau n’était pas toujours relevé mais observons ce qui se passe dans les autres pays, aujourd’hui, à l’ère du web tiktokisé et à l’heure de l’internet instagraméen : la politique est un show, fait de petites phrases et de grandes envolées, de punchlines savamment calculées et de coups soigneusement tordus et généralement bas.
Depuis 2011 et même avant, donc, le gouvernement tonnait et le parlement tonitruait, tandis que l’opposition tempêtait du mieux qu’elle pouvait.
Et ce n’était pas seulement du show car tant de choses ont été réalisées : la décompensation, la réforme (même paramétrique) de la retraite, l’accélération industrielle, des lois sociales (comme la 19-12 sur le travail domestique), la gestion rationnelle de la pandémie, la régionalisation très avancée… et d’autres choses encore, réalisées par les deux gouvernements, avec la brochette de partis qui en constituaient les majorités et les oppositions en renfort, le PJD en attaque, le RNI en contre-attaque, l’Istiqlal en embuscade, l’USFP en empoignade, le PPS équilibriste et les partis administratifs en lutte existentielle permanente, et finale. Même le RNI devenu akhannouchiste s’exprimait et donnait de la voix…
Et puis, au lendemain des dernières élections, celles de ce funeste 8 septembre, silence, total, abyssal, sépulcral. On a monté une majorité arithmétiquement parfaite mais politiquement atone. Personne ne parle, chef Akhannouch compris, chef Akhannouch surtout.
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