La pratique journalistique et la nécessaire moralisation - Par Jamal HAJJAM
Autorégulation de la profession, es-tu là ?
Faut-il mesurer l'information à l'aune de sa valeur démocratique ou bien de sa valeur strictement marchande et concurrentielle ? C'est face à ce dilemme que des médias dits professionnels, bousculés comme ils le sont par les réseaux sociaux et autres supports numériques débridés, sont de plus en plus confrontés. Or, "vendre" de l'information dans la conception marchande du terme pour faire du chiffre, dégager des profits et préserver une place au soleil, entraîne immanquablement une soumission à des attentes peu valorisantes des rapports entre l'outil d'information et le citoyen.
Il est consternant de constater dans ce sillage que des médias classés professionnels se sont laissé emporter par la vague. Ne pouvant résister à la tentation, ils emboîtent le pas aux réseaux sociaux peu regardants sur les normes éthiques qui régissent l'acte d'informer, de commenter et d'analyser.
Le spectaculaire, le sensationnel, l'émotionnel, le "people" bas de gamme pour faire le "buzz", finissent par prendre le dessus alors que la déontologie, l'éthique et la responsabilité sont allègrement sacrifiés, étant perçus comme non "vendeurs" ou financièrement peu rentables.
Pendant ce temps, les structures professionnelles et d'encadrement sensées organiser et moraliser la pratique journalistique - c'est bien de journalisme qu'il s'agit en définitive -, sont quasi-inopérantes, faisant que la profession s'enfonce de plus en plus dans l'anarchie, sans repères. Et c'est notre fragile démocratie qui trinque.
Il est de toute évidence important d'agir et d'oeuvrer, par voie structurelle, réglementaire et pratique, pour réinsuffler du sens dans l’information en tant que telle, pour habituer à dissocier l’information authentique du brouhaha, du bruit médiatique qui brouille le débat d’idées et éloigne les consciences de la perception de l'utile pour le pays et pour la société.
Dans le même esprit, le professionnel de l'information, le faiseur d'opinion, a le droit d'être serein dans l'exercice de son métier loin des harcèlements de quelque ordre que ce soit.
Tout comme il est indispensable de combattre les délits de presse, plus exactement ceux se rapportant à des écrits diffamatoires ou attentatoires aux constantes nationales, par la formation adéquate et la prise de conscience d'abord, par la dissuasion ensuite, avant d'en arriver à la sanction qui ne doit intervenir, dans les cas extrêmes, qu'en dernier ressort.
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