La tiers mondialisation de la France - Par Gabriel BANON
Les « Trente Glorieuses » sont derrière nous depuis presque cinquante ans. Les années 1970 furent celles de la « crise », attribuée par nombre d’analystes au retour à une économie et à des relations monétaires internationales dérégularisées et instables et à la remise en cause du système de protection sociale élaboré en 1945. La période 1984-2017 a vu, en France, la consécration du libéralisme, y compris par la gauche socialiste, en même temps qu’une succession de réformes visant à sauver la Sécurité Sociale à coups de rabotages, de diminution des remboursements de prestations et de plans d’austérité. Ces dernières années ont vu la réforme du Code du Travail et celle des retraites, lourde de conséquences pour les futurs retraités nés après 1975. Ainsi disparaissent les derniers morceaux de cet État-providence que les dirigeants politiques affirment vouloir sauver. Cependant, la majorité de la population ne se résigne pas à cette triste évolution.
Le système de protection sociale est irrĂ©mĂ©diablement dĂ©ficitaire. On s’efforce de croire qu’avec la fin de la crise sanitaire et une bonne relance de l’économie, les problèmes du jour auront leur solution, et que non seulement la France regagnera le chemin de l’emploi mais aussi que le système de protection sociale retrouvera son Ă©quilibre.Â
La crise sanitaire a provoqué un creusement abyssal des déficits et une augmentation de la dette, en raison de la nécessité d’acheter le matériel médical dont on manquait, de l’augmentation des dépenses hospitalières et des indemnités journalières, et du fol « quoi qu’il en coûte ». Les chèques de l’État aux citoyens se multiplient : chèque carburant, chèque bois, chèque inflation etc. La résorption de la dette ne sera pas un long fleuve tranquille dont le cours paisible serait garanti par une quelconque croissance économique.
D’autant plus que le gouvernement s’est engagĂ© Ă revaloriser les rĂ©munĂ©rations des soignants, ce qui amènera une dĂ©pense de 8 milliards d’euros en annĂ©e pleine. Il faut ajouter Ă cela l’annonce d’autres mesures comme l’allongement du congĂ© de paternitĂ©, et on comprendra que la reprise Ă©conomique ne suffira pas Ă combler les gouffres. Les remèdes classiques seront inefficaces, voire contre-productifs. De nouvelles diminutions de remboursements ou de nouvelles hausses de cotisations nuiraient Ă une politique de relance industrielle, indispensable Ă la redynamisation de l’économie.Â
Le pays semble plonger dans un profond dĂ©clin Ă©conomique. Que faire ? Remettre Ă plat le système de protection sociale pour l’adapter Ă notre Ă©poque n’est pas facile, comme l’ont montrĂ© les dĂ©bats et les grèves et manifestations provoquĂ©es par la rĂ©forme des retraites. Or, une refonte est indispensable ; sinon, sans que nul ne le souhaite, le système va se rĂ©trĂ©cir et se dĂ©grader jusqu’à ressembler Ă celui de la Grande-Bretagne oĂą il n’est plus que la planche de salut des plus pauvres, ou des États-Unis oĂą il est l’affaire des fonds de pension et autres organismes privĂ©s, avec tous les risques et inĂ©galitĂ©s en dĂ©coulant, avec pour rĂ©sultat une cinquantaine de millions de pauvres, et d’autres millions de demi-pauvres.Â
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