Penser la Chine… - Par Mustapha SEHIMI
Le modèle chinois se veut une «nouvelle option pour les autres pays et les autres nations désireuses d’accélérer leur développement tout en préservant leur indépendance». Il ne veut pas projeter la même image que les États-Unis: tant s’en faut.
L’actualité internationale la plus chaude en témoigne: la Chine est bien une puissance mondiale. L’évolution du conflit Ukraine-Russie en est l’une des illustrations. Voilà en effet Pékin qui vient de proposer ces derniers jours un plan de paix baptisé «Résolution politique de la crise ukrainienne». C’est le responsable de la diplomatie de ce pays, Wang Yi, qui en a fait l’annonce publique. Ancien ministre des Affaires étrangères jusqu’à la fin décembre 2022, il est après le XXe congrès du PCC (Parti communiste chinois) directeur du Bureau des affaires internationales du comité central du parti.
Comment s’articule cette initiative? Autour de douze points. Ce qui est posé en premier c’est l’impératif du dialogue et de la négociation. À partir de ce prérequis, pourrait-on dire, la recherche d’une «solution pacifique» et le «respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des pays». Suit la condamnation ferme de l’emploi de l’arme atomique et des «attaques armées contre les centrales nucléaires». L’accent est également mis sur «l’abandon de la mentalité de guerre froide».
Enfin, d’autres propositions: protection des civils et des prisonniers de guerre, préservation des échanges commerciaux, facilitation de l’exportation des échanges commerciaux céréales, promotion de la reconstruction, levée de toutes les sanctions et résolution de la crise humanitaire.
Ce cadre de travail est diversement accueilli: positivement par Poutine, avec une réserve modulable par les Etats-Unis et les pays européens, et moins favorablement par le président ukrainien Zelensky. Kiev défend un préalable avant toute discussion: le retrait des troupes russes. Faute de quoi, ce plan de Pékin ne serait qu’une tentative de «geler» le conflit en perpétuant l’occupation. Les Occidentaux considèrent de fait que «ce n’est pas un plan de paix: il n’avance pas de solution concrète pour mettre fin aux combats.
Ce n’est comme l’a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qu’une posture où la Chine réaffirme les positions exprimées depuis le début. Il considère que pour être «crédible», ce texte doit être «opérationnalisé», en particulier avec le concours de Kiev. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stolenberg, s’est montré plus sévère. À ses yeux, la Chine n’avait pas «beaucoup de crédibilité» concernant l’Ukraine –et de rappeler qu’elle «a signé quelques jours avant l’invasion un accord (...) sur un partenariat illimité avec la Russie».
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