Exposition de peinture Naciri Chemao, chantre du Paradoxart, ou l'art au service de l'entendement - Par Jamal HAJJAM
C'est dans un tryptique, une espèce de trilogie, que se décline l'œuvre plastique de l'artiste maroco-allemand, Naciri Chemao, dont l'art pictural va chercher ses fondements dans ce besoin de liberté expressive constructive, de philosophie artistique émancipée sans être désordonnée, où le traitement serein des paradoxes, encadré par une pensée créatrice et en perpétuel renouvellement, fait office de muse.
Scruter les situations antinomiques des paradoxes pour les surmonter plastiquement, tel paraĂ®t ĂŞtre le dĂ©fi pour cet artiste-philosophe au parcours forcĂ©ment mouvementĂ©, avec ses doutes, ses craintes, ses remises en cause, ses questionnements et ses rĂ©ponses picturales fĂ©condes, parfois troublantes mais foncièrement heureuses.Â
L'enchainement diversifié et explorateur de ses approches a commencé par l'assimilation et le développement de sa théorie esthétique-éthique du Paradoxart, ce courant de pensée plastique à l'origine d'un mouvement dont Chemao fut, pendant les années 1980, l'un des principaux fondateurs aux côtés d'artistes Marocains et Allemands.
Le concept défendu par Chemao et consorts consiste en la résorption plastiquement du conflit contradictoire des paradoxes, alertant ainsi, par la réflexion et le débat qui en découlent, sur le danger de l'invasion des paradoxes déformateurs des règles éthiques et morales fondamentales de la société.
Par la volonté du libre arbitre qui anime, dans la quête de l'artiste, de nouvelles formes nécessitant de nouvelles méthodes adaptables à l'évolution de sa vision, c'est par périodes, moyennant différents styles, que son art a choisi de s'exprimer, évitant ainsi un style particulier qui resterait immuable, voire stérile.
Il y a eu la période réellement fondatrice, travaillée techniquement et théoriquement, que lui-même qualifie de période "Jaune Paradoxart". Caractérisée par une couleur jaune fulgurant, elle dénonce la prédominance de la futilité et se veut un questionnement persistant qui ne saurait trouver de valable réponse que dans l'expression plastique. Nacir Chemao raconte que le jaune fulgurant lui a été un jour inspiré par le "jaune" d'un œuf qu'il s'apprêtait à déguster au petit déjeuner. Il ne cessait de le contempler et d'en analyser la texture, la nature et la raison biologique et génétique de sa couleur.
Ce n'était alors plus un banal œuf à avaler, mais fondamentalement une couleur à adopter et à réussir puisqu'avant d'avoir répondu à une composition chimique, elle devait avoir un message fort, un sens vital, existentiel. La vision philosophique est ainsi partie d'une chose matérielle dont la couleur spécifique qui rappelle un cri, allait devenir l'une des composantes du fameux Tryptique. Une période au fait riche et mouvementée.
Vint la période Bleue. Une dénomination qui rappelle un peu celle des artistes du Blau-Reiter, période bleue du cubisme de Picasso ou du "Monochrome bleu" d’Ives Klein ou encore celui de Jean Monnneret. Pour Naciri Chemao, il ne pourrait y avoir qu'un seul et unique bleu et, partant du principe qu'il existe une infinité de bleus, il a choisi son bleu à lui, qu'il a lui-même inventé pour parfaire l'idée paradoxale de l'Eros et du sommum de l'extase. Son bleu a été une spéculation esthétique plastique, mystique et existentielle de la procréation, du passage de la vie vers la mort...
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