En choisissant vos mots, vous choisissez votre camp ! - Par Adnane BENCHAKROUN
Mesdames, Messieurs, cher(e)s étudiant(e)s,
En tant que politicien, je peux vous assurer que le poids des mots dépasse souvent celui des actions. En politique, en choisissant ses mots, on choisit souvent son camp. Ce n'est pas une simple déclaration ; c'est une réalité que nous vivons quotidiennement dans l'arène politique.
Chaque terme que nous utilisons, chaque phrase que nous prononçons, est soigneusement pesée et analysée. Ce n'est pas une coïncidence, mais un exercice réfléchi qui façonne notre image, notre positionnement, nos alliances. Les mots sont nos outils pour créer une vision, pour véhiculer nos idéaux, pour nous identifier avec un groupe particulier de la société. Ils peuvent construire ou détruire des ponts, allumer ou éteindre des flammes, semer la paix ou la discorde.
Prenez le terme "réforme", par exemple. Pour certains, il incarne le progrès, l'évolution, le renouveau. Pour d'autres, il évoque la peur du changement, la perturbation de l'ordre établi. Deux camps politiques pourraient soutenir une réforme similaire mais la présenter différemment à leurs partisans, en fonction de leur choix de mots.
Je vous invite, en tant que futurs acteurs du monde politique, à ne jamais sous-estimer le pouvoir des mots. Apprenez à les manier avec soin, à les choisir judicieusement. Ils seront le reflet non seulement de vos idées, mais aussi de vos affiliations politiques. Vous devrez apprendre à décrypter le discours de vos adversaires, à saisir les nuances, à comprendre les implications de chaque terme.
En définitive, le choix des mots est indissociable de la politique. Il en détermine les camps, il en trace les frontières, il en dessine les paysages. Pour agir efficacement dans ce domaine, il faut maîtriser cette langue spécifique, ce code subtil. Seuls ceux qui comprendront cette réalité pourront véritablement influencer et façonner le monde politique. Vous, les futurs dirigeants, avez cette responsabilité. Et je suis convaincu que vous relèverez ce défi avec brio.
Mesdames, Messieurs, chers étudiants : Bien sûr, l'importance du choix des mots ne se limite pas à la politique interne
Elle est également d'une importance cruciale dans les relations internationales. Pour illustrer cela, permettez-moi de partager quelques exemples concrets.
Prenons le conflit israélo-palestinien. L'utilisation des termes "terroriste" ou "combattant de la liberté" pour décrire un individu ou un groupe détermine souvent la position politique d'une personne ou d'un pays sur ce conflit complexe et déchirant.
Ou encore, lorsque des pays décrivent leurs interventions militaires à l'étranger. Parler de "frappes chirurgicales" ou de "bombardements" peut grandement affecter la perception de ces actions dans l'opinion publique, aussi bien au niveau national qu'international.
Dans le contexte de la crise climatique, le choix entre "réchauffement global" et "dérèglement climatique" peut refléter l'urgence que l'on attribue à cette crise. Le premier terme peut sembler moins menaçant pour certains, tandis que le second souligne la volatilité et l'incertitude de la situation.
Enfin, pensons à la manière dont nous nommons les mouvements politiques à l'étranger. Le "printemps arabe" par exemple, a été perçu de façon très différente selon qu'on le décrivait comme une "révolution" (impliquant un désir de liberté et de changement), ou comme un "soulèvement" (qui peut être perçu comme plus chaotique et moins structuré).
En somme, les mots que nous choisissons pour décrire des situations internationales complexes sont lourds de sens. Ils orientent notre perception, nos politiques, et finalement nos actions. Comme en politique interne, le choix de nos mots sur la scène internationale révèle et façonne notre positionnement.