Le Soudan au bord de la guerre civile - Par Ahmed NAJI
Khartoum, la capitale du Soudan, s’est réveillée, samedi 15 avril, au son des tirs échangés entre l’armée régulière et la Force de soutien rapide. Le peuple soudanais est pris entre deux feux.
Les prémices des affrontements en cours entre l’armée régulière soudanaise et la Force de soutien rapide (Fsr) sont apparues dès le 11 avril, lorsque cette dernière a pris position Khartoum et dans la ville de Merowe, à quelques 250 kms au nord de la capitale du Soudan et refusé de se redéployer en dehors.
La nouvelle de ces mouvements de troupes de la Fsr a fait le tour des médias, sans susciter pour autant de grandes inquiétudes de la part des observateurs étrangers de la scène politique soudanaise.
Tout portait à croire qu’il s’agissait d’un simple bras de fer politique entre Mohamed Hamdan Dogolo, dit aussi Hemiti, vice-président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan et commandant de la Fsr, d’une part, et, d’autre part, Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil de souveraineté de transition et inspecteur général de l'armée soudanaise.
Les observateurs soudanais estimaient, par contre, que la perspective d’un affrontement ouvert entre les deux hommes forts du Soudan, depuis le renversement de l’ancien président Omar El Bachir, en avril 2019, était inévitable. Il ne peut y avoir deux leaders dans une dictature militaire.
L’ère des seigneurs de guerre
Après la chute du régime à forts relents islamistes d’Omar El Bachir, qui a lui-même accédé au pouvoir suite à un coup d’Etat, en 1989, c’est d’abord le ministre de la défense, Ahmad Awad Ibn Auf, qui a prit la tête du Conseil militaire de transition, le 11 avril 2019.
Le lendemain, il démissionne pour laisser sa place à Abdel Fattah al-Burhan, un militaire de carrière qui a coordonné la participation de troupes soudanaises à la guerre du Yémen. Il est connu pour ses bonnes relations avec les forces armées d’Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unies, auprès desquelles il a joué le rôle d’officier de liaison.
Son second au Conseil militaire de transition ne fut autre que Mohamed Hamdan Dogolo, chef de la milice janjawid, placée sous l’autorité des services de renseignement soudanais, ensuite régularisée et rebaptisée Fsr, en 2014, qui s’est tristement distinguée durant la guerre du Darfour, en 2003.
Le peuple soudanais, qui a espéré l’émergence d’un régime démocratique après la révolution de 2019, n’a pas du tout trouvé à son goût la main mise des militaires sur les rennes du pouvoir à Khartoum.
Les manifestations se sont, alors, succédées, à Khartoum, pour réclamer le départ de la junte militaire et la restitution du pouvoir aux civils. Toutes ont été sévèrement réprimées.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Powered by Ausha 🚀