Repas végétarien ou buffle brésilien ? - Par Ahmed NAJI
Le café est bondé, en cette soirée du mois sacré du Ramadan. Rachid, le fantasque serveur à la moustache Zapata, me fais signe pour m’indiquer une table au fond de la salle enfumée. Les accoutumés au tabac semblent déterminés à compenser toute la nicotine qui leur a fait défaut pendant la journée de jeûne.
- Installes-toi, je t’apporte ta tasse de café. J’ai des questions à te poser.
Ce n’est jamais bon signe quand Rachid tient à partager les interrogations qui le taraudent. Divagations et maux de tête assurés.
- Qu’est-ce que tu vas me sortir encore, aujourd’hui, vieux pirate ? D’ailleurs, ou on est ton projet d’importer du pétrole russe en contrebande ?
- Arrêtes de te moquer, cruel scribouillard, un petit poisson comme moi ne peut pas nager dans une mare à requins. Mais j’ai une meilleure idée, cette fois-ci. Je vais importer des gnous d’Afrique subsaharienne et prétendre que ce sont des buffles du Brésil.
- Il te faudra une autorisation pour importer du bétail sur pied, je doute que tu puisses l’obtenir.
- Parce que tu crois que je vais les transporter par bateau et les débarquer légalement dans un port ? Tu es naïf. Je t’ai pourtant déjà dit que les étendues océaniques sont la chasse gardée des gros requins, insatiables par ailleurs.
Non, je vais recruter des migrants clandestins subsahariens pour qu’ils convoient mon troupeau de gnous à travers le désert, en passant par Guergarat, heureusement sécurisée par notre armée.
Je renoue avec nos traditions ancestrales de commerce transsaharien. C’est de la géo-économie. Cela dépasse tes capacités d’entendement, pauvre plumitif.
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