Le « jardin » européen et la « jungle » nord-africaine - Par Aziz BOUCETTA
A en croire Ssi Josep Borrell, le haut-représentant de l’Union européenne pour les relations, extérieures, l’Europe serait un jardin, mais un jardin entouré d’une jungle qui serait le reste du monde (dont le Maghreb) et qui menacerait ledit jardin. D’où les barbelés, les lois de plus en plus dures et les dispositifs virils de type Frontex ou autres. Or, à y bien réfléchir, le jardin gagnerait à s’étendre vers son flanc sud pour une cure de jouvence car, vieillissant, il est certes d’une beauté majestueuse mais peu productif et de moins en moins inventif.
Et que se passe-t-il à son flanc sud ? Alors que l’Europe se sent de plus en plus vieille, grincheuse, renfermée et peu encline à évoluer, les pays du Maghreb, eux, se ressentent plein de vie et de vigueur, ils sont juste encore un peu sous-développés. Le problème est que les « vieux » sont unis dans leur jardin de retraite et que les « jeunes » restent dispersés, fougueux et mutuellement agressifs.
Et la raison de cette animosité vient d’un passé où les « Vieux » européens, alors plus jeunes, avaient semé les graines de la discorde entre ces pays d’âge divers, des vieux désargentés, les Marocains, des adultes désemparés, les Tunisiens, et des nouveau-nés qui faisaient leurs premiers pas dans la vie, en Algérie.
Aujourd’hui, si on observe les différentes études et les nombreux ouvrages publiés en Europe sur la marche du monde, on constate que dans l’ensemble des défis nouveaux qui agitent la planète et menacent l’Europe, de même que dans les grands blocs géopolitiques qui intéressent la même Europe, le Maghreb ne figure nulle part et n’emporte l’intérêt de personne. Seule l’Espagne semble avoir des préoccupations pour son flanc sud, essentiellement le Maroc et dans une moindre mesure l’Algérie.
On pourrait penser que l’Afrique du Nord n’existe pas, ou n’existe que dans le périmètre qui lui est ou lui sera tracé par l’Union européenne. Et c’est l’erreur grave commise par les géopoliticiens et les politiciens tout court du « Vieux Continent ». Car si l’Europe est un jardin, comme nous l’enseigne M. Borrell, son eau, ses engrais, ses outils, ses botanistes et ses jardiniers pourraient bien se trouver essentiellement en Afrique du Nord.
L’Afrique du Nord, en effet, est riche d’une population majoritairement jeune, forte de plus de 100 millions d’âmes (le quart de l’effectif européen), qui sont autant de consommateurs. Et en dépit de systèmes d’enseignement encore poussifs et donc largement perfectibles, les populations du Maghreb produisent des ingénieurs, des médecins, des chercheurs en diverses disciplines, des économistes, des informaticiens spécialisés dans les différents domaines, … Autant de ressources humaines aujourd’hui attirées par l’étranger (de moins en moins en Europe d’ailleurs).
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