Rénovation énergétique : Scandale de l’amiante : « À partir du moment où je me suis attaquée au politique, ça ne marchait plus. »
Dans le scandale de l’amiante, son nom revient souvent. Sans doute parce qu’elle aura incarné le meilleur espoir d’un procès pénal. Marie-Odile Bertella-Geffroy a été la juge d'instruction au pôle de santé publique du Tribunal de Grande Instance de Paris. Dix ans pendant lesquels elle a instruit les emblématiques dossiers de l’amiante. Rencontre avec l’ex-magistrate aujourd’hui devenue avocate.
Jussieu, Condé-sur-Noireau, Eternit… Marie-Odile Bertella-Geffroy évoque des dossiers d’amiante très lourds. Tous regroupés au sein du pôle de santé publique du TGI de Paris. La magistrate les instruira durant dix ans, jusqu’à être déchargée de ses fonctions. Limogeage en bonne et due forme, ou application de la règle limitant à dix ans les fonctions d’un juge spécialisé ? L’ex-juge a forcément son idée.
Comme d’autres, Marie-Odile Bertella-Geffroy dénonce une sourde opposition à faire émerger un procès pénal de l’amiante, à rechercher des responsabilités : pourquoi a-t-on continué à commercialiser et utiliser l’amiante aussi longtemps malgré ses dangers connus et reconnus ?
Si l’émergence d’un pôle de santé publique inspiré du pôle financier a sans doute été source d’espoirs, ceux-ci auront été bien vite balayés à force de bâtons dans les roues. « J’ai eu des ennuis à partir du moment où j’ai voulu joindre tous les dossiers amiante, se souvient-elle. La chambre d’instruction y était très hostile. » L’ex-juge regrette l’absence de moyens accordés, l’absence d’une volonté politique aussi.
« Il ne faut pas aller chercher les politiques, Madame Aubry n’a pas aimé », sourit-elle, faisant référence à la mise en examen de la maire de Lille qui, comme toutes les autres mises en examen, sera annulée deux ans plus tard. « A partir du moment où je me suis attaquée au politique, ça ne marchait plus. » Déchargée de ses fonctions contre son gré, Marie-Odile Bertella Geffroy a finalement laissé de côté la magistrature « faute d’indépendance de la justice », pour rejoindre le barreau. « (La justice) n’est pas un troisième pouvoir, c’est une autorité. » En témoigne l’affaire de l’amiante.
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