Piété filiale - Par El Montacir BENSAID
Il y a 4 ans jour pour jour j'ai enterré ma mère et aujourd'hui je suis allé fleurir sa tombe.
J'ai fait enlever les herbes folles qui envahissaient sa sépulture, puis je l'ai lavée à l'eau de fleurs d'oranger, sachant à quelle point maman était coquette et ne tolérait pas le désordre.
Après avoir récité quelques versets du coran sans pouvoir retenir mes larmes, j'ai pris un moment pour penser à cette femme extraordinaire, mariée à 14 ans, veuve à 37 ans, mère de 7 enfants, qui a perdu un mari aimant emporté par un terrible cancer au milieu de la quarantaine.
Vers la fin de sa vie je lui disais maman tu n'as jamais bu d'alcool ni fumé, prends avec moi un cigarillo, qu'est ce qui peut t'arriver ?Faisons la fête !
Elle esquissait un sourire de petite fille dans son visage emacié, sous un regard qui était déjà ailleurs.
Elle me faisait comprendre qu'elle voulait prier puis me murmurait qu'elle ne se rappelait pas à quel moment elle devait se prosterner alors je lui disais qu'on allait s'asseoir côte à côte et que je lui tiendrais la main et que chaque fois que je la lui serrerais elle devrait se prosterner.
Je retenais mes larmes et pleurais plus tard dans ma voiture devant une telle déchéance.
Chaque fois que je venais la voir, quelques jours avant son décès, alors qu'elle ne parlait plus, ne mangeait plus, ses yeux me cherchaient et semblaient appeler au secours.
Et j'étais impuissant et j'etais désespéré.
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