Entretien avec Mustapha El Miri « La migration internationale des jeunes, un chemin heurté vers l’émancipation » - Par Farida MOHA
Mustapha EL Miri est maitre de conférence en sociologie à l’université d’Aix –MARSEILLE chercheur au laboratoire d’économie et de sociologie du travail et membre du comité national du CNRS. Ses recherches portent notamment sur la sociologie des migrations, du racisme la sociologie de la mondialisation et la sociologie politique. Ces dernières recherches ont porté sur les migrations entre l’Europe et le Maroc au sein du groupe de recherche international. Il a donné le 21 décembre une conférence au siège du CCME sur le thème « la migration internationale des jeunes, un chemin heurté vers l’émancipation ». Une conférence projetée dans le cadre d’un cycle de réflexion mené par le CCME sur cette problématique .En février dernier le CCME s’était penché sur la question « des mineurs en mouvement dynamique politique publiques et droit » organisé en partenariat avec l’UIR .
Le droit de circuler, c’est aussi un combat pour l’égalité des droits. Une égalité des droits qui n’est pas, force est de la constater, déclinée dans la réalité et qui est combattue par un certain imaginaire collectif colonial dites-vous. Pouvez-vous approfondir cette idée ?
Si l’on regarde attentivement la circulation internationale des femmes et des hommes, il apparait clairement une asymétrie entre celles et ceux qui peuvent circuler sans entraves dans une grande partie du monde et celles et ceux qui se voient opposer un régime de visas qui empêche leur mobilité internationale ou la rend impossible.
Et si l’on prête attention à la localisation géographique des populations qui peuvent circuler sans entrave, elle recoupe les pays anciennement colonisateurs ou « occidentaux ». Tandis que la localisation des populations empêchées de circuler, elle, recoupe les anciennes zones coloniales. Ce sont, là, les séquelles de la colonisation qui persistent.
Mais ce qui s’apparente à la réquisition d’un droit de circuler prise par les populations africaines malgré les entraves, et qualifiée à la hâte de « migration » internationale, remet en cause cet héritage colonial et participe à la déconstruction d’un imaginaire collectif qui légitime la seule circulation des populations occidentales.
Elle remet en cause l’asymétrie en son cœur à savoir la légitimation discriminatoire qui empêche une majorité des femmes et des hommes de circuler et la liberté pour une minorité de voyager selon ses désirs dans le monde entier.
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