« Entreprises : apprendre à remonter le sujet climat sur l'échelle des décisions » , par Céline Guivarch, CIRED et co auteure du GIEC
Céline Guivarch, experte du changement climatique et des liens avec l’économie, est chercheuse au CIRED (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement) et membre du Haut conseil pour le climat, fait partie de l'équipe des auteurs du 6ème rapport du GIEC sur le volet atténuation et solutions. Sur ce podcast, nous allons parler du rapport bien sûr mais aussi des freins dans la société en général et en entreprise en particulier, et évoquer des pistes d’actions.
Chapitrage :
2:50 Brève présentation du 3eme volet du 6eme rapport du GIEC.
5:20 Les conclusions de ce dernier volet dans le prisme des 2 précédents pour resituer.
7:11 Bilan des émissions passées et récentes, les mesures pour évaluer les actions, politiques et mesures déjà prises à des échelles nationales et de villes – dans une tendance toujours à la hausse.
9:00 Quelles sont les évolutions en 6 ans ? Que faire si l’on veut limiter les hausses de température concrètement ?
10:30 Conséquences de l’inaction : dans le rapport, on lit clairement que les solutions sont connues et que l’action est possible. En 2015 on pensait avoir un vrai réveil avec la COP21. Pourquoi le levier politique est-il si difficile à actionner ?
12:00 Nouveauté : il y a un début d’action dans des pays qui représentent 56% des GES aujourd’hui, avec le début du déploiement de solutions notamment. Exemple avec les ENR et les véhicules électriques, grâce notamment aux leviers réglementaires et fiscaux.
13:40 Un peu de prospective. Notre futur n’est pas écrit. C’est même l’une des conclusions principales du rapport du GIEC. « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu’à inventer ». Gaston Berger, 1964.
15:50 Climat, démocratie et une économie en croissance, un mythe ? GIEC parle de limites de la demande. Rappel de ce qu’est le rapport du GIEC – évaluation et synthèse de 18 000 articles scientifiques.
18:50 De l’importance des mots dans le rapport - Triptyques par secteurs, avec derrière sobriété, évitement, transformation et efficacité.
21:30 Le succès n’est pas question de technologies à inventer, mais d’utiliser déjà toutes les solutions à notre portée. Certaines sont technologiques, d’autres organisationnelles. Le potentiel peut être réalisé, si des choix collectifs sont faits, avec les politiques publiques nécessaires.
24: 00 Donc, à quelle échelle l’action peut-elle prendre racine ? Rôle des entreprises, des individus et politiques publiques
25:25 Comment l’analyse se passe entre l’analyse des documents et le résumé pour décideur ? Des prescriptions ? Des mots tabous ? De la non neutralité de la science et de l’éthique politique.
28:00 Processus de conception du rapport, intégration des commentaires des pays, réponses apportées, différents résumés et approbations. Oui chaque mot compte.
29:50 Consensus onusien, avec les auteurs sont garants scientifiques, le tout étant public. De la diplomatie du rapport du GIEC pour un socle scientifique accepté par tous.
32:00 Agir dans l’urgence : on comprend qu’il y a des solutions pour tous les domaines Mais s’il y avait uniquement 3 mesures radicales à choisir, celles qu’il faut absolument prendre au risque de voir les autres apparaître comme dérisoires, quelles seraient-elles Au niveau macro et micro ? De l’importance de l’approche systémique.
33:20 Focus sur les secteurs : transport, agriculture, industrie et énergie – les chiffres montrent où agir pour réduire les émissions. Et marges de manœuvre à l’échelle des individus – le premier déterminant étant les revenus.
37:15 Focus sur épargne et finance – il y a matière pour réorienter l’épargne.
39:00 Les marges d’action des individus - dans un cadre professionnel pour faire bouger les choses et la transformation des métiers notamment, ainsi que les collectifs.
40:10 Sobriété versus solutions techniques : quels sont les paramètres de choix ? Comment se prévaloir d’une promesse technologique ? Pas d’opposition, mais gare aux effets rebond.
42:20 Les discours du délais, l’illusion des émissions négative On parle bien de réduire et contrebalancer par absorptions – ce qui compte.
44:10 Ce qui compte ce n’est pas le flux en instantané mais le cumul sur une trajectoire. Chaque émission supplémentaire s’accumule, et cause des effets supplémentaires.
44:50 Les émissions de la croissance économique organique devraient être absorbées par la décarbonation de l’économie. Est-ce même mathématiquement possible ? Quid des effets rebonds ?
47:35 L’équation de Kaya nous montre que sur une planète aux ressources finies, il existe des paramètres sur lesquels jouer si l’on veut décroitre en émissions carbone. Sur lesquelles, démocratiquement, peut-on agir ? Tout est lié, PIB, population, demande énergétique. La question de la démographie dans les trajectoires du GIEC. Dans les déterminants des émissions des GES, ce n’est pas la démographie qui constitue le premier levier.
52:30 Économie et croissance. La place du PIB. Comment s’assurer que la sobriété des uns ne devienne pas la pénurie des autres ? La place de la justice sociale ? Quid de l’ODD qui promeut la croissance soutenue, partagée et durable ? Où doivent être opérées les décroissances et comment ?
56:30 Quelles bonnes politiques pour réduire les GES et atteindre d’autres objectifs de développement en situation d’incertitude sur la croissance. Retour sur le PIB et ses limites.
58:30 Réduction de GES et autres objectifs des ODD, avec interdépendance et synergies avec les co bénéfices notamment du levier de l’amélioration de la santé et de la justice sociale lorsqu’on agit sur les émissions des GES.
1:01:30 Comment s’assurer que la sobriété est juste ? Qui est concerné, qui prend les décisions ? Conception des politiques et mesures en pensant à la justice distributive et procédurale des transformations.
1:04:00 Entreprise et climat – des ambitions affichées, mais une croissance en ligne de mire. Quid du découplage ? De la croissance verte ?
1:06 On parle bien d’impératif de réduction des GES puis du négatif en absolu et non en relatif. Est-il possible – même théoriquement - d’avoir un business en croissance aux émissions négative ?
1:08:00 Engagement des entreprises pour la neutralité. Éviter, réduire, compenser. Quels sont les moyens ? Quelles solutions et comment les mettre en œuvre ?
1:09:50 Vérifier les engagements : un impératif de transparence et nécessité de former à la compréhension des enjeux. Focus sur les formations, les cursus de formation initiale, la formation continue pour transformer les métiers et évolution des filières.
1:14:10 Est ce que les économistes parlent la même langue que les scientifiques ? Enjeu des doubles formations, avancées des sujets de sciences humaines. Important pour les sujets de maîtrise de la demande pour pouvoir atteindre les objectifs climat. L’interdisciplinarité prend du temps, y compris dans les entreprises.
1:19:45 Une question de communicante : quid de la teneur des messages diffusés pour agir ? Sont-ils des freins ? « plus que 3 ans pour agir » ; « Il nous reste X ans » … ces messages ne sont-ils pas contre-productifs ? Comment trouver des narratifs qui déclenchent l’action pour sortir des discours de l’inaction ?
1:23 Chaque fraction de degré : des effets supplémentaires. Les effets vont continuer à augmenter. D’où notre besoin d’adaptation en parallèle de la réduction.
1:26:50 Comment changer le monde depuis sa chaise de bureau ? Levez-vous ! Coordonnez-vous, parlez autour de vous, à l’échelle de votre monde professionnel.
1:28:00 Question inspiration : quelle œuvre vous a marqué ? L’art pour nous montrer des futurs désirables. Allez-voir les cités végétales de l’architecte Luc Schuiten, et le livre : le ministère du futur, de Kim Stanley Robinson.