En tant que médecin, impossible de ne pas être confronté à la douleur des patients que l’on suit. Et si, bien sûr, les professionnels de santé tentent au mieux de l’éviter ou, tout du moins, de la soulager au maximum, ils sont souvent confrontés à un vaste enjeu : celui de sa prise en charge.
Comment réussir à l’évaluer alors qu’elle est si personnelle ? Aider le patient à la verbaliser ? Éviter qu’elle ne devienne chronique ? Surtout, comment réussir à bien la prendre en charge pour l’éviter au maximum ? Voilà autant de questions auxquelles le docteur Harroche est confrontée au quotidien.
“Parler de la douleur en consultation n’est pas systĂ©matique. Il y a parfois d’autres points qui sont abordĂ©s et alors cette question passe au second plan. Pourtant, elle a un rĂ©el impact sur la qualitĂ© de vie.” Â
Pour cette spĂ©cialiste de l’hĂ©mophilie, il convient de distinguer deux types de douleurs :Â
- La douleur aiguĂ«, celle qui apparaĂ®t lors des crises.Â
- La douleur chronique, celle qui se développe au fil des années, avec le développement de pathologies arthropathiques (les hémarthroses à répétition peuvent abîmer les articulations et les rendre douloureuses de manière continue).
Deux typologies de douleurs différentes qui appellent une prise en charge spécifique. Ainsi, pour la douleur aiguë la réponse va être médicale, avec un traitement antalgique et anti-hémophilique. On pourra également venir la soulager en immobilisant l’articulation et en y appliquant de la glace. La prise en charge de la douleur chronique, quant à elle, peut représenter un challenge en elle-même. En effet, du fait de sa nature quotidienne, elle complique sa résolution. D’une part car elle impacte fortement le moral et la qualité de vie. De l’autre car elle peut entraîner une forme de tolérance élevée à la douleur. Le risque dès lors ? Que le patient développe une tolérance élevée à la douleur si bien qu’il ne soit jamais réellement et totalement soulagé.
“La douleur est parfois tellement chronique, tellement forte que les patients dĂ©veloppent une forme de tolĂ©rance particulièrement Ă©levĂ©e. Ils pensent alors ĂŞtre soulagĂ©s dès qu’elle se calme un peu quand, en rĂ©alitĂ©, ils ne le sont qu’à moitiĂ©.”Â
Que faire alors pour soulager cette douleur chronique ? S’il existe Ă©videmment des traitements mĂ©dicamenteux qui peuvent aider, la doctoresse appelle Ă la vigilance. Pas question ni de s’auto-mĂ©dicamenter ni de crĂ©er de la dĂ©pendance. Ainsi, elle conseille, en complĂ©ment :Â
- Les traitements alternatifs : balnĂ©othĂ©rapie (soins par le bain), cryothĂ©rapie (traitement par le froid), TENS (stimulation nerveuse Ă©lectrique transcutanĂ©e contre les douleurs neuropathiques).Â
- Les séances de kinésithérapie ainsi que des étirements spécifiques.
- La pratique d’une activitĂ© physique adaptĂ©e, meilleur moyen pour maintenir un Ă©tat musculo squelettique en bonne santĂ© et donc protĂ©ger ses articulations mais aussi pour sortir, rencontrer des gens et amĂ©liorer l’estime de soi !Â
Enfin, le Dr. Harroche, nous prodigue un dernier conseil : que l’on soit patient ou professionnel de santé, il faut prendre le temps de parler de la douleur, d’évaluer son importance mais aussi son impact sur la qualité de vie. C’est le premier pas pour réussir à la soulager !
“On ne peut pas dissocier santĂ© physique et santĂ© mentale ! La prise en charge de la douleur, doit passer par la prise en charge de la douleur, mais aussi de ses consĂ©quences psychologiques.”Â
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